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21 septembre 2020

Homélie du Ministre Générale en la fête des stigmates de saint François d'Assise


 Pour moi, non, jamais d’autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ


« Pour moi, non, jamais d’autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par elle, le monde est crucifié pour moi, comme moi pour le monde. Car, ce qui importe, ce n’est ni la circoncision, ni l’incirconcision, mais la nouvelle créature ». (Ga, 6, 14-15).

Mes chers frères de la province San Francesco Stimmatizzato, mes frères et sœurs dans le service de ce sacré sanctuaire de l’Alverne, distingués autorités civiles, frères et sœurs dans le Seigneur, Paix et santé à vous!

Encore une fois, nous gravissons cette montagne pour entrer dans le mystère de la relation d’amour entre Dieu et François d’Assise. Notre montée arrive au moment particulièrement difficile de la vie de la communauté humaine and l’environnement naturel, où apparait descendre. La nouvelle pandémie du coronavirus a provoqué d’innombrables morts et d’immenses souffrances. Elle a laissé des centaines de millions des peuples sans emploi, face à des conséquences brutales de pauvreté et de famine deshumanisantes. Elle a révélé des profondes fractures sociales et écologiques bouillonnantes sous la surface de nos interactions quotidiennes. Ces fractures ont éclaté dans les expressions de haine et de violence à l’échelle mondiale. La pandémie nous a aussi obligé à nous abriter dans un lieu en quarantaine, créant une grande incertitude, la peur, l’isolation et l’instabilité psychologique. L’environnement continue à souffrir de l’exploitation insouciante des êtres humains.

 

Notre tentation pourrait être d’essayer de nier ou de fuir ces crises affectant les humains et la planète mais il n’y a aucun endroit pour se cacher. Le nouveau Coronavirus nous a montré que c’est vrai. Nous n’avons qu’un seul vrai choix : permettre à cette crise d’entrainer dans une réflexion de qualité sérieuse de nos vies individuelles et collectives, avec espoir que nous pourrons découvrir une nouvelle manière de vivre et d’agir avec Dieu, les uns avec les autres, avec nous-mêmes, avec l’univers créé reflétant notre vraie identité. Le Seigneur Jésus cherche à nous accompagner dans notre périple. Il n’est jamais loin de nous, même si nous sommes loin de nous-mêmes, des uns des autres et de Dieu.

 

Avant d’essayer de comprendre le sens de la réception de François des stigmates, nous devons permettre à l’humanité et à la fragilité de François de nous parler. Quand il est venu en automne 1224, il est venu comme une personne sous une crise profonde. Il est venu s’isoler des sérieux problèmes présent dans sa vie, dans la vie des frères de l’ordre, dans l’Église et dans le monde autour de lui. Saint François est venu comme un homme blessé. Il a enduré du rejet par ses frères parce que la manière de vivre l’Évangile était perçue comme trop exigeante. Il est venu portant les blessures des conflits politiques, sociales et religieuses qui divisaient le peuple, détruisant tous les sens du bien commun, conduisant souvent aux violents affrontements. Il est venu portant les blessures des pauvres et des marginalisés qui étaient cruellement exploités par les riches et les puissants, asservis dans une pauvreté abjecte et déshumanisée. Et il est venu portant des infirmités physiques débilitantes qui ont créé en lui probablement un sentiment d’isolation et de dépression. C’est l’homme qui est venu à l’Alverne et qui est entré en quarantaine spirituelle pour écouter la voix de celui qu’il avait appelé à entreprendre le chemin de la vie évangélique à genou devant le crucifix de Saint Damien.

Dans sa rupture, dans sa pauvreté, François est venu à la recherche des nouvelles possibilités pour découvrir la puissance libératrice de l’Évangile. Mais François connaissait que sa libération ne venait pas librement; cela a un prix. Quel est ce prix? Nous l’avons entendu proclamé dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera » (Lc 9, 23-24). Nous sommes invités à passer par la mort spirituelle : mort  de ces pensées et attitudes en mous qui nous conduisent vers la mort et le désespoir au lieu de la vie et de l’espoir; mort à ces blessures que nous portons dans nos cœurs fléchis par ceux qui prétendent nous aimer- mos maris, nos femmes, nos enfants, nos parents, nos frères ou nos sœurs dans nos communautés religieuses, nos amis- et les blessures accumulées par les luttes quotidiennes de la vie; mort à nos colères rapides et à notre précipitation à juger les autres; mort à ces peurs et préjugés qui nous empêchent de reconnaitre le visage de Dieu dans les hommes, spécialement dans les pauvres, les marginalisés, ‘les étrangers au milieu de nous’, et qui nous empêchent de nous reconnaitre comme frères et sœurs dans la même famille de Dieu; et la mort de notre réticence de laisser Dieu nous aimer et nous pardonner, transformant nos cœurs froids de pierre en cœurs de chairs (Ez 36, 26) capable de recevoir et de partager l’amour.

 

Saint François est venu à l’Alverne avec l’espoir que par la croix de Jésus il serait encore guéri de sa rupture, transformé en cette ‘nouvelle créature’ annoncé par Saint Paul aux Chrétiens de Corinthe. Il avait besoin à nouveau de toucher les blessures de Jésus crucifié pour qu’en touchant ses blessures, son cœur et son esprit puissent être guéris. Mais, l’histoire des stigmates ne finit pas avec la consolation personnelle de François par Jésus, qui a pris la forme des stigmates. Quand il a reçu ce don, François a plus pleinement reconnu qu’il était entrainé plus profondément dans le mystère de la volonté de Dieu de souffrir avec tous ceux qui et que Dieu a créé. Les blessures du Christ sont les blessures de l’humanité et de la création. Nous, comme François, nous sommes invités à entrer dans la grande fête non seulement pour être consolés spirituellement, mais aussi pour être transformés en agents de ‘la nouvelle création’, messagers d’amour, de fraternité universelle et de restauration. Comme François, nous venons sur cette montagne pour être guéris et redynamisés. Nous venons pour que nous ayons à nouveau le courage de prendre la croix dans nos vies quotidiennes, une croix qui porte les souffrances de tous les frères et sœurs de partout le monde et celles de l’Univers créé. (Cf. Pape François, Angélus, 30 Août 2020). Seuls ceux veulent entreprendre ce difficile périple dans les ténèbres et la douleur auxquels l’humanité et l’environnement naturel sont confrontés ferons l’expérience de la plénitude de la grâce que saint François a expérimenté quand il était marqué par les blessures du Christ.

Concluons cette réflexion en priant ensemble la prière de Saint Jean-Paul II lors sa visite à l’Alverne le 17 septembre 1993.

 

O Saint François, stigmatisé à l’Alverne,

Le monde aspire en vous comme une icône de Jésus crucifié.

Il a besoin de votre cœur ouvert vers Dieu et l’homme

Vos pieds nus et blessés, vos mains percées et implorantes.

Il aspire votre voix faible, mais forte avec le pouvoir de l’Évangile

Aide, François, les hommes (et les femmes) d’aujourd’hui

À reconnaitre le mal du péché et de chercher la purification dans la pénitence.

Aide-les à se libérer des mêmes structures du péché qui oppriment la société d’aujourd’hui.

Relance dans la conscience des dirigeants

L’urgence de la paix dans les nations et entre les peuples.

Transforme en jeune peuple votre fraicheur de vie,

Capable de contrer les pièges de plusieurs cultures de la mort.

À ceux qui sont offensés par toutes sortes de méchanceté,

Donne, François, la joie de se savoir pardonner.

Rouvre les portes de l’espoir à ceux sont crucifiés par le souffrance, la faim et la guerre. Amen


Alverne, le 17 Septembre 2020                                       Frère Michael A. Perry, ofm

                                                                                         Ministre Général         



source: https://ofm.org/blog/may-i-never-boast-except-in-the-cross-of-our-lord-jesus-christ-homily-for-the-feast-of-the-stigmata/

Traduit de l'anglais par Luc Nzita, ofm              


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