Curie provinciale: 3645, Avenue Kasapa Lubumbashi. République Démocratique du Congo. secprobeafofm@hotmail.fr

23 avril 2022

Le Vicaire général, Frère Isauro Covili Linfati, élu évêque d'Iquique

Monseigneur Isauro Covili Linfati, ofm

Le 23 avril 2022, le pape François a élu comme évêque d'Iquique, au Chili, le frère Isauro Covili Linfati OFM, jusqu'à présent vicaire général de l'Ordre.

Le Frère Isauro Covili Linfati est né le 22 mars 1961 à Lumaco, diocèse de Temuco au Chili . Il prit l'habit franciscain le 16 juillet 1981 et prononça ses vœux simples le 16 janvier 1983 et ses vœux solennels le 20 mars 1987. Son ordination sacerdotale eut lieu le 23 novembre 1990.

Le Frère Isauro a vécu ses premières années de service pastoral dans des fraternités d'insertion dans des zones marginales de Santiago, se consacrant à l'évangélisation, y compris l'évangélisation indigène et l'animation de la justice et de la paix et de l'intégrité de la création. Il a également été curé de paroisse. En 2010, il publie le livre Memoria de una Iglesia orante y peregrina.

Depuis 1997 , il travaille dans la formation des profès temporaires, des novices et des postulants , modérateur de la formation permanente et secrétaire pour la formation et les études. Il a ensuite été Visiteur général au Pérou (2006), Définiteur de la Province Holy Trinity (2011-2015), Vicaire (2015-2017) et Ministre provincial (2017-21). Le Chapitre général de Rome en 2021 l'a élu Vicaire général de l'Ordre.

Réunis dans la salle Duns Scot, après la prière de l'Angélus du 23 avril 2022, les frères de la Curie générale de Rome ont reçu du Ministre général l'annonce de l'élection du fr. Isauro Covili Linfati comme évêque d'Iquique. A cette occasion, les discours suivants ont été prononcés.

Les mots du Ministre général Fr. Massimo Fusarelli

« Je souhaite saluer notre frère Isauro, également au nom de tout le Définitoire général, avec qui nous avons partagé ces neuf mois de service, très importants pour le travail en faveur de l'Ordre. Le service partagé avec le Frère Isauro a été très bon et fraternel ; il a eu jusqu'ici des délégations très délicates pour le gouvernement de l'Ordre, surtout en Amérique du Sud et Centrale, en Terre Sainte et au Maroc. Sa présence au Définitoire général est positive et constructive. On sentira son absence.

En même temps, en tant que Ministre du Définitoire général, nous souhaitons au F. Isauro un ministère épiscopal fructueux dans le style de fraternité et de minorité de saint François et de l'Ordre. Nous acceptons dans un esprit de coresponsabilité ecclésiale cet appel à servir l'Église au Chili à l'heure où une nouvelle réponse au service du Royaume de Dieu lui est demandée.

Nous sommes bien conscients que l'Église au Chili traverse un temps de grande conversion et pas facile. Nous sommes certains que la présence humaine, fraternelle et pastorale du Frère Isauro pourra apporter, avec l'aide de Dieu, une aide valable ».

Le discours de remerciement du Fr. Isauro Covili Linfati

A mes Frères de l'Ordre des Frères Mineurs

Que le Seigneur vous donne la paix !

Je commence ces paroles d'action de grâce par l'annonce joyeuse de la Veillée pascale : « Alleluia, Alleluia, Le Seigneur est ressuscité, Alleluia Alleluia Alleluia ». C'est la meilleure et la plus belle expression de joie, de jubilation et d'avenir éternel que l'Église ait - exprimer la vie et célébrer l'Eucharistie, le sacrement permanent de la Kénose de Jésus-Christ qui imprègne toute l'humanité d'espérance et d'une nouvelle vision.

Je voudrais partager avec vous la nouvelle que - tout comme mes frères du dernier Chapitre général m'ont élu pour servir la Fraternité en tant que Vicaire général - maintenant le Pape François, évêque de Rome et de l'Église universelle, me renvoie à Chili comme évêque-curé du diocèse d'Iquique.

Depuis le début de ma vocation, il m'est apparu clairement que je venais parmi les franciscains pour être frère et c'est ainsi que j'ai été formé dans ma Province. J'ai servi avec générosité et joie dans de nombreux offices qui m'ont été confiés sans les solliciter.

Je suis un frère franciscain qui croit en Jésus-Christ, pauvre et crucifié, et un membre de la communauté et de la fraternité qui l'exprime et l'annonce de la même manière. J'ai toujours essayé d'être attentif à la situation des plus pauvres et d'apprendre à lire avec les autres la réalité de la vie avec toutes ses lumières et ses ombres

J'ai en effet passé une bonne dizaine de mois à la Curie, j'ai collaboré avec beaucoup et j'ai beaucoup appris. Je peux vous dire que les frères qui forment cette Fraternité internationale cultivent en effet un bon climat fraternel de respect, de prière, de joie, de responsabilité et de travail. Nous avons cultivé de bonnes relations et une collaboration entre nous, les Définiteurs et pour moi en particulier, cela a été très gratifiant de travailler avec le frère Massimo, Ministre général, dans l'animation de l'Ordre. Avec simplicité j'ai donné le meilleur de moi-même dans tout ce qui m'a été confié.

Après en avoir discuté avec le Ministre général et prié dessus, j'ai accepté la nomination du Pape François. Ce qui m'a aidé est le suivant :

  1. Au cours des dernières semaines, j'ai prié devant l'icône du Christ de San Damiano qui, comme nous le savons tous, a parlé à notre père saint François et à nous aujourd'hui « Allez réparer mon Église car elle tombe en ruines » (2Cel 10 ; LM 2,1 ; TC 13).
  2. La réalité de l'Église au Chili avec ses lumières et ses ombres, en particulier la question des abus dont il faut s'occuper tout en faisant le chemin de la vie évangélique, celui de la réparation, de la simplicité et de la synodalité.
  3. Personnellement, je ne m'accroche à aucune charge, je les accepte et les vis en liberté comme un don reçu pour servir. Les frères du Définitoire général sauront fournir un nouveau frère pour servir l'Ordre comme Vicaire général.

Je peux vous dire que, de par mon expérience pastorale, et maintenant après cette nomination comme Evêque, je suis encouragé à être un Pasteur au milieu du Peuple de Dieu, marchant avec tous, traversant les rivages, les frontières et étant une Communauté appelée à être configuré avec le Ressuscité qui a les empreintes de la Croix, afin que de nombreux crucifiés puissent être embrassés et descendus de la croix avec une vie digne.

J'espère que Marie, la Vierge faite Église, saint François, sainte Claire et des milliers de frères et sœurs du passé, mais aussi ceux du présent - fidèles disciples de Jésus - m'aideront à être un berger dans le style de Jésus.

Avec une gratitude éternelle, fraternellement vôtre,

 

Isauro Covili Linfati, ofm

22 avril 2022

Une autre bonne nouvelle

 

Frère Jean-Marie Miki Kasongo, ofm

La province saint Benoît l’Africain jubile de joie une fois de plus après que le frère Jean-Marie Miki Kasongo, ofm a été élu définiteur dans la province franciscaine du Bienheureux Duns Scot de la France et la Belgique francophone. 


C’est ce 22 avril 2022 que les frères de la province du Bienheureux Duns Scot ont élu leur nouveau gouvernement au cours du chapitre provincial présidé par le frère visiteur général Andreas Brands


En effet, voici les membres du nouveau gouvernement qui ont été élus au cours de ces assises: 

- Frère Michel Laloux : Ministre provincial

- Frère  Frédéric-Marie Le Mehaute: Vicaire provincial

- Frère Jean-Marie Miki Kasongo: Définiteur

- Frère Eric Moisdon: Définiteur

- Frère Yannick le Maou: Définiteur

- Frère  Dominique Joly: Définiteur


Toutes nos sincères félicitations à tout le nouveau gouvernement de cette province et plus spécialement au frère Jean-Marie Miki Kasongo (de la province saint Benoît l’africain).  Que Dieu vous assiste dans votre service de la Fraternité et dans l’Église.

 

Frère Luc Nzita, ofm




Tout s'est bien passé.

 

Frère Richard Kakule, ofm

À l’université de Split en Croatie, dans la faculté Catholique de théologie, le jeudi 21 avril 2022, le frère Richard Kakule Mahamba, ofm, de la province saint Benoît l’Africain en République Démocratique du Congo, a défendu son mémoire et a passé son examen de D.U en vue de l’obtention du diplôme de Magisterium en théologie. L’objet de son étude est : “ Odnos između kršćanskih Crkava u Demokratskoj Republici Kongo - Perspectiva ekumenskog dialoga.” Ceci se traduit en français par “Relation entre les Églises chrétiennes en République Démocratique du Congo - Perspective du dialogue œcuménique.”


Tout s’est bien passé. Il y a de quoi féliciter le frère Richard Mahamba pour ce beau résultat positif. 


Frère Luc Nzita, ofm






20 avril 2022

Bonne nouvelle du Chapitre de la Custodie du Maroc

 

Le nouveau gouvernement de la Custodie du Maroc avec le 
frère Massimo Fusarelli, ofm

Les frères franciscains de la Custodie des Saints Martyrs de Marrakech dans le Royaume du Maroc sont réunis en chapitre électif du 18 au 22 avril 2022. Ce chapitre est présidé par le ministre général Massimo Fusarelli, ofm.  

 

En ce mercredi 20 avril 2022, le frère Stéphane Delavelle, ofm comme le nouveau Custode en remplacement du Frère Manuel Courillon, ofm. Le frère Franco, ofm est le vicaire de la Custodie. Les frères ofm Thaddée Musas Kapend, Jean de Dieu Bazibuhe et Georges de Souza sont les nouveaux conseillers. 

 

Nos sincères remerciements au frère Manuel Courillon et à son gouvernement sortant pour tout ce qu’ils ont fait et accompli pour le bien de la Custodie et pour la gloire de Dieu. Prions aussi pour le nouveau gouvernement de la Custodie afin que l’Esprit de Dieu puisse le guider sur les traces de notre Seigneur Jésus, le ressuscité.

 

Frère Thaddée Musas Kapend, ofm

Custodie des Saints Martyrs de Marrakech/Maroc



Les frères franciscains du Maroc réunis en Chapitre 2022



Les frères Thaddée Musas, ofm et Jean de Dieu Bazibuhe, ofm sont membres de la Province Saint Benoît l'Africain.


https://ofmafrique.blogspot.com/2022/04/bonne-nouvelle-du-chapitre-de-la.html


16 avril 2022

Message de pâques de la paroisse saint Louis des Français/Istanbul

 


« À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ». Luc 24,35

 

Frères et sœurs,


Pendant cette période où notre attention est tournée vers la guerre en Ukraine et sur les conflits, les insécurités dans d’autres parties du monde, je voudrais adresser à chacun d'entre vous un vœu d’une Sainte et Joyeuse Pâques. Que le Christ Ressuscité donne au monde sa Paix ! 

 

Permettez-moi de commencer ce message de Pâques par ces belles paroles d’un Hymne sur la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ « Quand Il disait à Ses amis » du Révérend Père Didier Rimaud (1922-2003), Prêtre Jésuite : 

 

Quand Il disait à Ses amis : « Heureux celui qui veut la paix ! » Nous avons déserté Le lieu de nos combats... Mais ce matin, Alléluia ! Notre espérance a jailli du tombeau ! Alléluia, Alléluia, Jésus est vivant.

 

Quand Il disait à Ses amis : « Soyez mon Corps ! Soyez mon Sang ! » Nous avons pris la mort, Au lieu de prendre vie... Mais ce matin, Alléluia ! Notre avenir a jailli du tombeau ! Alléluia, Alléluia, Jésus est vivant. »


L’expérience de Pâques ne peut se réaliser que lorsqu’on a vécu le temps de carême comme un temps de grâce, de conversion et de rencontre personnelle avec le Seigneur. Les paroles d’un hymne de carême nous instruisent suffisamment sur c’est que ce temps de grâce implique : 

 

Puisque Dieu nous a choisis, Comme Peuple de sa Paix, Comment voir un ennemi, Dans quelque homme désormais ; Pour lequel Jésus est mort !

 

Que Dieu rende vigilants, Ceux qui chantent le Seigneur : Qu’ils ne soient en même temps ; Les complices du malheur, Où leurs frères sont tenus !

 

Ces paroles de l’hymne sont une invitation à sortir de notre enfermement pour aller à la rencontre du Ressuscité, de nos frères et sœurs en étant porteurs de l’Évangile, du message de la paix et de la réconciliation entre les peuples.

 

Une invitation à sortir de la léthargie et de l’indifférence

     

Le monde traverse beaucoup de situations de crises : crise de la foi, crise écologique, crise économique, crise sociale, crise dans les relations humaines, etc. Il est possible qu’on arrive à la conclusion selon laquelle, nous sommes entourés par la souffrance et nous voyons la fragilité, la précarité, la limitation, le désespoir dans la vie de nos frères et sœurs. Suspendus entre la peur et l'incertitude, nous risquons le verrouillage des sentiments, qui, lorsqu'ils sont mis à l'épreuve, peuvent être minimisés et aveuglés par la peur. Malgré la peur d’un risque d’une mondialisation ou globalisation des conflits et d'un lendemain incertain et nébuleux, le Christ Ressuscité nous lance un appel très fort à nous efforcer de faire en sorte que l'humain se manifeste sous la plus belle forme, en sachant puiser dans l'espérance pascale qui nous offre la certitude de ne plus être seuls dans le Christ.

     

La joie pascale doit être contagieuse. Elle nous aide à nous communiquer de l'affection et de la solidarité les uns aux autres, de la manière qui convient le mieux à notre cœur, tout comme Jésus l'a fait avec ses disciples après la résurrection. Lui, le Vivant, nous accompagne et se révèle dans le langage de la tendresse, de la proximité et du partage. Jésus parle au cœur, nourrit le corps, donne la consolation et la paix.

    

Si nous regardons les passages de l'Évangile qui racontent les apparitions du Seigneur ressuscité, du sépulcre (Jn 20, 1-18) au bord du lac de Tibériade (Jn 21, 1-19), du Cénacle (Jn 20) à Emmaüs (Lc 24, 13-35), Jésus communique toujours sa présence en s'impliquant dans un langage qui touche et caresse la vie de ses disciples, au point de les faire vibrer, trembler de joie et de changement.

 

Marie-Madeleine renaît lorsqu'elle entend son nom murmuré par le Maître : "Marie" ; Pierre surmonte toute réticence et toute peur, bravant l'eau du lac pour rejoindre Jésus, et vient lui déclarer son amour : "Seigneur, tu sais que je t'aime" ; Thomas explose dans une profession de foi, prononçant des mots merveilleux : "Mon Seigneur et mon Dieu" ; Cléopas et son compagnon de voyage, à la fraction du pain, reconnaissent le Maître et abandonnent le chemin de la tristesse et de l'égarement pour retourner à Jérusalem. La vie, pour tous, devient un don et une annonce de l'Évangile qui sauve.

 

L’attitude de la proximité nous aide à reconnaître le Seigneur ressuscité

 

En effet, vivre la Pâques, c'est apprendre à reconnaître le Ressuscité qui se rend présent dans nos vies. Si nous ne nous laissons pas toucher par sa présence, tout devient stérile, notre religiosité se transforme en rituel vide et en moralisme ; l'existence perd l'étincelle du divin et se prostitue à ceux qui la privent de sa dignité ; notre humanité perd la palpitation et la secousse d'une vie voulue et habitée par Dieu. Nous voyons comment la soif de succès, d'argent et de pouvoir, aujourd'hui encore, et surtout en ces temps de guerres, de pandémie et des crises terribles, contraste avec la logique de l'Amour, attestée par le Christ à travers son incarnation, sa mort et sa résurrection.

 

C'est là le vrai problème de la foi : ne pas simplement croire à la résurrection, mais arriver à une rencontre réelle avec le Vivant, qui accompagne le chemin de notre vie. Comme pour les deux personnes sur la route d'Emmaüs, il existe une tentation égoïste de cultiver l'espoir en un Dieu qui libère et rachète la souffrance par une intervention puissante ou magique. La scène dans la maison d'Emmaüs, la fraction du pain par l'étranger, ouvre les yeux, l'esprit et le cœur des deux disciples tristes et découragés, fuyant Jérusalem et les remet dans le jeu de la certitude de la Résurrection.

 

Avant d'arriver au geste de la fraction du pain, je rappelle que le Ressuscité décline toute la grammaire et tout le vocabulaire de la proximité, authentifiant ainsi le geste eucharistique de ce soir-là : il s'approche de ceux qui s'en vont ; il partage le voyage ; il écoute et se laisse toucher par la souffrance et l'amertume des uns et des autres ; il dialogue, explique et parle à leur cœur, les touchant de son amour compatissant. La proximité du Maître n'est pas imposée, mais il s'en approche avec discrétion, devenant un compagnon de voyage, et venant donner un sens à la Croix, cause de la perte de nos deux voyageurs. Le Ressuscité habite leur vie avec la délicatesse d'un amant tendre, doux et affectueux.

 

Le langage de l’Eucharistie : l'amour sous le signe du service et du don de soi      

 

La fraction du pain, geste courant lors d'un dîner, devient une porte ouverte qui laisse entrevoir ce qui avait déjà été vécu et expérimenté au Cénacle, mais qui devient encore plus clair à la lumière de ce que l'Étranger a raconté et expliqué. Tout est précédé par le désir d'hospitalité que les disciples déclarent : " Reste avec nous, car le soir tombe ". Une hospitalité offerte à un étranger, un étranger inconnu. Combien de fois avons-nous eu peur de l’inconnu, de l’inhabitué, de l’étranger, du migrant, de l’Autre ?  N’est-ce pas, peut-être, les rendez-vous manqués de rester avec le Seigneur ou les possibilités ou occasions ratées de notre rencontre avec le Ressuscité? 

 

Ce n'est que dans la fraction du pain que la Parole, entendue en cours de route, ouvre la pleine connaissance de Celui qui est à table avec eux. Dans ce geste, le Christ semble avoir voulu cacher la manière la plus authentique dont il peut être reconnu à nos yeux. C'est le geste du pain rompu, donné et partagé qui touche le cœur et arrache l'existence des deux disciples à la douleur et à la résignation. Ils changent de direction et font de leur vie un don à leurs frères de Jérusalem.

 

Le Christ Ressuscité nous invite à le reconnaître pour être reconnu et pour construire un tissu de fraternité et le pont d’amitié. Car, vivre comme le Ressuscité est le souhait que je nous adresse à tous. Reconnaître le visage du Ressuscité nous amène à comprendre, de manière nouvelle, le visage que doivent prendre nos communautés chrétiennes, notre communauté paroissiale, la vie quotidienne de chacun d'entre nous. Cela n’est possible que lorsque nous nous laissons toucher par son amour. Il n'y a pas de reconnaissance du visage du Seigneur ressuscité qui ne soit pas en même temps reconnaissance du visage de l’Autre, de nos frères et sœurs qui souffrent et de notre être en Église. C’est le cheminement de la synodalité à laquelle nous sommes conviés. 

 

C'est dans l'Eucharistie que tout se passe : son corps brisé et partagé "pour nous", transforme et transfigure la vie, nous apprenant à nous offrir pour les autres. Sauvés du mal par son amour, nous sommes appelés à nous élever à une existence capable de devenir du pain pour les autres, en accueillant le monde avec ses incertitudes, ses problèmes et ses peines dans le style de l'hospitalité active. C'est dans l'Eucharistie, dans la fraction du pain, que Jésus nous donne la possibilité et la force pour témoigner de notre résurrection au monde : "faites ceci en mémoire de moi". Touchés et aimés par le Ressuscité, nous sommes projetés jusqu'aux extrémités de la terre pour montrer le visage du Fils de Dieu avec une vie qui, dans le partage de la Parole et du pain eucharistique, sait se faire don pour chaque frère et sœur, pour chaque personne rencontrée.

 

Appartenir au Christ, participer à sa victoire sur le mal, vivre comme des ressuscités, proclamer l'Évangile qui sauve, telle est la condition de vie dans laquelle la Pâques nous introduit. En lui, dans son sang qui nous a rachetés, nous sommes rendus frères et sœurs, appelés à témoigner joyeusement de lui aux côtés de chaque personne. Toute l'humanité nous appartient, et la fraternité, valeur universelle fondée sur l'Évangile, devient pour nous une réalité exigeante, incontournable, parce qu'elle a pour prix la vie même de Jésus, comme le dit le pape François : "Les autres s'abreuvent à d'autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l'Évangile de Jésus-Christ" (FT 277).

     

Vivre la joie de Pâques nous rend proches les uns des autres, pour réaliser ce mystère de communion qui est le rêve de Dieu. Que ce mode de vie en tant que ressuscités fasse de nous des témoins audacieux et authentiques, capables de proclamer et de dénoncer les injustices, les inégalités, les exclusions, l'iniquité, l’hypocrisie, la violence, l’indifférence, l’avidité, la cupidité et tous les vices qui causent la misère, la souffrance et la mort des hommes et des femmes de ce monde. Que ce mode de vie nouvelle de la résurrection fasse de nous des artisans et porteurs de paix, des constructeurs de chemins et des ponts de fraternité et de solidarité où personne n'est laissé pour compte, n’est exclu de la grande famille des enfants de Dieu dans son Fils Mort et Ressuscité.

 

Que la Pâque de Jésus nous permette et nous donne la force de crier, comme nous le rappelle le Saint-Père, ce qui découle de l'Évangile : « Le primat donné à la relation, à la rencontre avec le mystère sacré de l'autre, à la communion universelle avec l'humanité entière comme vocation de tous. D'abord les autres et ensuite moi, jamais seuls mais ensemble » ! Enfin, que la Pâques du Seigneur soit le chemin par lequel nous devenons un don, par lequel nous prenons, comme Jésus, la forme du pain rompu et partagé pour le monde, en devenant des artisans crédibles et authentiques de la communion et de l'unité, des semeurs d'espérance.

     

Joyeuse et Sainte Pâques.

 

Fr. Georges Misange Mutombo, ofm

Curé de la Paroisse Saint Louis des français / Istanbul

La paix soit avec vous!

 

Chers Frères de la Province,


Je remercie le Ministre Provincial qui m’accorde la grâce de vous adresser le message de Pâques comme il a l’habitude de le faire. Je ne veux qu’attirer tout simplement votre attention sur ces paroles du Christ ressuscité à ses bien-aimés Disciples: la Paix soit avec vous ! Des paroles riches de surprise, de consolation et d’amour. A nous aussi qui suivons le Christ ressuscité sur les traces des Disciples et de Saint François, que ces mêmes paroles nous apportent la même richesse.

 

A l’exemple des Disciples, que chaque Frère et chaque communauté se sentent surpris par l’apparition du Ressuscité qui nous apporte la Paix (que le monde ne peut pas nous donner), la consolation, la joie et l’amour.


Non seulement nous sommes témoins de la Paix que le Ressuscité nous apporte dans nos cœurs et dans nos fraternités, mais aussi, il fait de nous, les artisans et les annonciateurs de la sa Paix d’abord dans nos communautés, puis à tous ceux et à toutes celles que nous rencontrons dans nos apostolats et sur le chemin de la vie.


Comme nous sommes aussi en marche vers le Chapitre provincial, moment important dans la vie de toute entité de l’Ordre, implorons notre Seigneur afin qu’il nous accorde son Esprit et sa sainte opération pour discerner et accomplir sa sainte volonté qui ne saurait nous égarer.

 

Comme le Christ ressuscité a apporté un renouveau dans la vocation et la mission des Disciples, laissons-le nous renouveler et nous purifier du vieux levain, à notre tour. Qu’il nous purifie du vieux levain de la suspicion , de la méfiance , de l’offense, de la calomnie, de la médisance, de la discorde et de l’erreur dans nos rapports fraternels.


Qu’il nous renouvelle avec le bon levain de la confiance mutuelle, de la communion fraternelle, de la sainte obéissance religieuse, du pardon, de la vérité, de la joie et de la lumière.

 

C’est ce même bon levain qui nous orientera vers une nouvelle vision de notre Province au service de l’Ordre , de l’Église et des peuples que nous servons.

 

Que la visite du Pape François en RD Congo, au mois de Juillet 2022, nous apporte un surcroît de grâces dans notre mission franciscaine quotidienne, et que la Vierge Marie soit toujours notre Protectrice. 

Bonne fête de Pâques à tous !

 

Frère Nicodème Kibuzehose, Ofm

Visiteur Général





Photo:https://www.jesuites.com/prieres-guidees-selon-la-spiritualite-ignatienne-pour-paques/

14 avril 2022

Jésus nous sauve par la croix

 


Au temps du Christ, quand on conduisait un homme au supplice, tout le long du parcours jusqu'au lieu de l'exécution, le condamné portait une pancarte blanche, ou encore on la lui faisait porter devant. On y inscrivait en lettres noires ou rouges le motif du châtiment.

 

C'est ainsi qu'on a pu lire, fixée au-dessus de la croix de Jésus, une inscription avec ces quelques mots méprisants : "Ho basileus tôn Ioudaiôn houtos.” “Cet individu est le roi des Juifs". Or, à cette même époque, la région appelée Palestine n'était pas sans roi. Elle en avait même deux : Hérode Antipas (4 av. - 39 ap.) en Galilée et en Transjordanie, et Philippe (4 av.- 34 ap.) dans le Golan. Seule la Judée, avec Jérusalem, était contrôlée directement par le procurateur romain.


Si les juges de Jésus, en particulier les romains, avaient pu retenir contre lui ce grief politique : "Il a voulu se faire roi", c'est que spontanément, durant la vie publique de Jésus, beaucoup de croyants, surtout dans le peuple, avaient reconnu en lui le Messie attendu par Israël, et un Messie Roi. On espérait que Jésus prendrait en main la destinée politique du pays, lui qui avait su nourrir toute une foule en pleine campagne. On attendait de lui qu'il secoue le joug de l'occupant et qu'il redonne à son peuple l'indépendance d'autrefois.


Jésus, lui, se méfiait de cet enthousiasme et de ce que les gens mettaient sous le titre : Messie, fils de David. Messie, il l'étaitFils de David, il l'était également, lui l'Envoyé de Dieu ; mais il ne voulait pas qu'on l'assimile aux rois terrestres. C'est pourquoi, au cours de son procès, il répondra à Pilate : "Ma royauté n'est pas de ce monde" (Jn 18,36). Mais cette réponse, aux yeux de Pilate ne constitua pas un motif de condamnation. Il sera néanmoins crucifié.


La scène de la crucifixion nous permet de mesurer à la fois la force de l'espérance que Jésus avait suscitée et le désarroi de la foule devant un Messie crucifié.


Au moment de la crucifixion, saint Luc (Lc 23, 33-43), nous décrit quatre groupes d'hommes : le peuple, qui regarde ; les chefs juifs, qui ricanent ; les soldats romains, qui se moquentles deux malfaiteurs crucifiés avec Jésus où l'un se révolte et fait chorus avec les moqueurs et le second espère, et se désolidarise de la haine Jésus en croix est bien, comme le dira Paul, "un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens" (1 Co 1,23). 


À quatre reprises, saint Luc mentionne, toujours dans le même chapitre 23, le verbe sauver, en liaison avec le nom de Messie (Christ) ou de roi :

"Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'Élu !" v35

"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" v37

"N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" v39. Sans le savoir, sans s'en douter, ces hommes qui défient Jésus nous orientent vers l'essentiel du mystère de ses souffrances et de sa mort : Jésus ne veut pas se sauver de la croix, parce qu'il veut nous sauver par sa croix, par l'amour qu'il donne au Père sur la croix. Car c'est l'amour qui est force de salut, et non la souffrance par elle-même.


Nous tenons là, face à Jésus souffrant, une lumière qui éclaire notre propre destin et le destin de tous ceux que nous aimons. Jésus ne nous sauve pas de la croix, de notre croix, mais il nous sauve par sa croix, c'est-à-dire par l'amour qu'il nous a prouvé sur la croix ; et il nous offre de faire à notre tour de notre croix une preuve d'amour.


Il nous a dit lui-même : "Celui qui veut me suivre, qu'il prenne sa croix". Où est-elle, notre croix ? - C'est le réel de notre existence, le quotidien de nos vies, tout autant que les grandes épreuves ; c'est ce que nous avons à porter pour rester fidèles à Jésus Christ et pour le servir dans nos frères, et puis aussi tout ce que nous assumons librement par amour pour mieux reproduire l'image du Fils Premier-né.


Jésus nous redit : "Prends ta croix, la croix de ton combat pour l'authenticité chrétienne, la croix de ton effort de charité, la croix de ton souci missionnaire ; je vais te montrer comment la porter par amour."


C'est ainsi que notre vie est livrée au Christ, Roi de l'univers, et vécue au compte de l'Envoyé de Dieu : notre vie n'est plus à nous-mêmes, mais à celui qui pour nous est mort et ressuscité, le Premier-né d'entre les morts. Et cette destinée pascale, inscrite déjà dans notre baptême, est la même, fondamentalement, pour toutes les filles de Dieu, pour une mère de famille comme pour une carmélite, pour une étudiante comme pour une employée, pour une jeune en recherche comme pour une aïeule qui achève sa vie. C'est dans le quotidien que l'on acquiesce à la volonté du Père et que l'on rencontre la croix ; c'est dans le quotidien que l'on dit à Dieu son amour. Car c'est bien d'amour et de joie chrétienne qu'il s'agit.


C'est dans notre vie de tous les jours que le Christ Messie veut être roi, parce qu'il est roi avant tout sur des cœurs libres. Sa royauté n'est pas de ce monde : elle ne remplace pas les structures politiques, elle ne s'impose ni par la force ni par l'asservissement des consciences. La royauté de Jésus, c'est le rayonnement universel de sa parole, c'est l'illumination de chaque cœur de croyant, c'est l'incendie de la charité jusqu'aux confins de la terre, à commencer par l'incendie de notre cœur, où tout doit prendre feu "pour la gloire de Dieu et le salut du monde".


Frère Junior Mwamba, ofm








Photo: https://franciscains.fr/signesfranciscains/



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