Curie provinciale: 3645, Avenue Kasapa Lubumbashi. République Démocratique du Congo. secprobeafofm@hotmail.fr

31 octobre 2021

Cinq jours avec le président Félix Tshisekedi en Terre Sainte

 

Le président Félix Tshisekedi et les frères franciscains

Chers Frères,

Vous avez sans doute appris l'arrivée en Israël du président Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo.

En effet, c'est le lundi 25 octobre 2021, que le Custode de Terre Sainte, le Fr Francesco Patton, m'avait tenu au courant de la nouvelle. Il m'avait informé que je devais partir pour Capharnaüm (plus ou moins 157 km au nord de Jérusalem, c'est à dire, en Galilée) afin d'y accueillir le président Félix et lui faire visiter ce Lieu Saint. Ce qui fut fait.

C'est ainsi que le mardi 26 octobre 2021, vers 13h30, le président est arrivé à Capharnaüm, accompagné de la première Dame, Dénise Nyakeru, des ministres des affaires étrangères, de la communication, de la défense, d'autres ministres et des conseillers, des journalistes et le service de sécurité.

Avant d'entrer dans le complexe de Capharnaüm, j'ai prononcé le mot d'accueil en disant : "Au nom du Custode de Terre Sainte, Francesco Patton, je vous accueille dans les Lieux Saints que vous allez visiter. Je suis heureux que vous ayez commencé par Capharnaüm qui signifie village de la consolation (Kefar Nahum). Que votre visite au village de la consolation, Capharnaüm, la ville de Jésus, apporte la consolation à la République Démocratique du Congo.

Soyez le Bienvenu dans la ville de Jésus ".

Ainsi a commencé le pèlerinage. Ce dernier a consisté en la visite du Sanctuaire de Capharnaüm construit sur les ruines de la maison de Pierre. Nous avons ensuite visité la synagogue de Capharnaüm. Sur le pavement de ladite synagogue dont la dernière construction remonte au sixième siècle après Jésus Christ, les pierres de couleur blanche ont presque la forme de la carte géographique de la R. D. Congo. Le président a affirmé avoir déjà vu cette carte dans les médias sociaux. Il m'a alors demandé comment cela s'explique. J'ai dit que cela n'est pas du hasard et nous continuons à faire des recherches sur ça. Si Dieu a inspiré à ceux qui ont restauré la synagogue de Capharnaüm, village de la consolation, au sixième siècle après Jésus Christ, de donner une forme de ce que sera la R. D. Congo, ceci veut dire qu’elle devait être un pays de consolation.

Après ma réponse, il a touché le pavement, c'est à dire, la carte de la R. D. Congo qui se trouve au centre de la synagogue de Capharnaüm.

Nous sommes, enfin, descendu à la mer de Galilée appelé lac de Tiberiade ou encore lac de Genezareth.

A toutes les questions qu'il me posait, je répondais en me basant sur les épisodes évangéliques qui ont eu lieu Capharnaüm. En effet, Capharnaüm est la ville la plus citée dans les Évangiles, après la ville de Jérusalem. Jésus a accompli beaucoup de miracles à Capharnaüm : l'appel des premiers disciples (Mt 4,12-22), la vocation de Levi (Mc 2, 13-17), la guérison de la belle mère de Pierre (Mc 1,29-33), la redevance du temple acquittée par Jésus et Pierre (Mt 17,24-27), guérison d'un paralytique (Mc 2, 1-5), démarche des parents de Jésus et calomnies des scribes (Mc 3,20-35), Jésus enseigne à Capharnaüm et guérit un démocratique (Mc 1,21-28), guérison d'une hémorroïsse et résurrection de la fille de Jaire (MC 5,21-43), guérison du serviteur du centurion (Lc 7,1-10), discours dans la synagogue sur le pain de la vie (Jn 6,22-71). Parmi les miracles opérées par Jésus sur la mer de Galilée, nous avons: la tempête apaisée (Mt 8,23-27), Jésus marche sur les eaux et Pierre avec lui (Mt 14, 23-27), la pêche miraculeuse racontée par Luc et l'appel de quatre premiers disciplines (Lc 5,1-11), apparition au bord du lac de Tibériade et la pêche miraculeuse racontée par Jean (Jn 21,1-25).

Outre ces passages évangéliques, je me basais également sur les données archéologiques, topographiques, historiques et traditionnelles.

La visite à Capharnaüm a duré plus ou moins une heure. Nous avons regagné Jérusalem le soir.

Le mercredi matin, à 08h30, c'était la visite à la présidence.

Le Président d'Israël, Isaac Herzog, a accueilli son homologue le président Félix Tshisekedi.

Après l'accueil, les honneurs lui ont été présentés, puis le Débout Congolais (l’hymne national) a été exécuté au rythme des fanfares, suivi de la Hatikvah (=l'espoir) qui est l'hymne national d'Israël. Après les hymnes nationaux, le président Herzog a présenté les invités au président Congolais. Parmi eux, nous avons remarqué la présence de Theophilos III, Patriarche grec orthodoxe, de Mgr Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin (=Évêque du Diocèse de Jérusalem), Fr Michaël Muhindo, ofm, Délégué du Fr Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, Fr Marco Carrara, Segrétaire de la Custodie de Terre Sainte et quelques ministres israéliens.

Le président Félix Tshisekedi à son tour présentera au président Herzog ceux qui l'ont accompagné. Ce sont les Ministres Christophe Lutundula, Gilbert Kabanda, Patrick Muyaya,...

Après la présentation, les présidents sont rentrés dans la salle de réunion. Les invités s'étaient tout simplement retirés puisque la rencontre était à huis clos.

Après-midi du même mercredi, le président Tshisekedi a visité le musée d'Israël au Mont Herzel. Là, il a déposé une fleur sur la tombe d'un ancien premier ministre. C'est la fameuse fleur qui a circulé dans les réseaux sociaux.

Le jeudi à 15h30, nous avons accueilli le président Félix à la porte de la Basilique du Saint Sépulcre (le tombeau de Jésus). Le Fr Stéphane Milovitch, ofm, était le délégué pour ce jour là.

Il lui a fait visiter le Calvaire, la pierre d'onction, le tombeau de Jésus. Le président Félix Tshisekedi et la première Dame sont restés une dizaine de minutes dans l'édicule du Saint Sépulcre pour prier. À leur sortie, les ministres ont également visité le tombeau de Jésus. Puis, nous étions descendus à la chapelle de Sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin. Là, nous avons visité les fouilles archéologiques dirigées dans la cave de la chapelle Sainte Hélène, par les Arméniens orthodoxes. De là, c'était la fin de la visite de la Basilique du Saint Sépulcre, vers 16h45. A la sortie, nous avons pris la photo et nous nous sommes salués. Le président et sa délégation ont continué leur pèlerinage vers le mur de lamentation, à près d'un kilomètre de la Basilique du Saint Sépulcre.

Le vendredi soir, le président Tshisekedi s'est dirigé à Tel Aviv pour prendre son avion de retour. Ainsi s'est achevé son séjour en Israël.

 

Fr Michaël Muhindo, ofm.


Quelques photos

Frère Michaël Muhindo, ofm prononçant le mot de bienvenu au Président Félix Tshisekedi

de Gauche à Droite
Fr. Jacques Omari, Fr. Venance Mukadi, Fr. Théodore Kabongo, ofm et le président Félix 

le Frère Théodore Kabongo et la délégation du Président Félix 

La délégation présidentielle dans le sanctuaire de Capharnaüm

Le Frère Michaël Muhindo remet le mot de Bienvenu au président après la visite Lac de Genezareth

Les pèlerins congolais tiennent les drapeaux autour de la carte de la R. D. Congo se trouvant sur le parvis de la synagogue de Capharnaüm (Photo de 2017 ou 2018)



28 octobre 2021

Défense du Travail de fin de cycle de graduat par le Frère Barnabé Mbadji, ofm

 

Frère Barnabé Mbadji, ofm

En date du 20 octobre 2021 à l’Institut Supérieur d’Etudes Sociales (ISES) à Lubumbashi, le Frère Barnabé a défendu on Travail de fin de cycle en vue de l’obtention du grade de gradué en Ressources Humaines. Il a travaillé sur L’impact de l’analyse des emplois sur l’affectation du personnel dans une entreprise. Cas de la coordination diocésaine des écoles conventionnées et privées catholiques de Lubumbashi. Nous avons le plaisir de vous présenter une synthèse de ses recherches dans les lignes qui suivent.

Frère Bernard Kabila, ofm

L’impact de l’analyse des emplois sur l’affectation du personnel dans une entreprise. Cas de la coordination diocésaine des écoles conventionnées et privées catholiques de Lubumbashi.

L'analyse des emplois constitue le socle des politiques de la gestion des ressources humaines dans une entreprise. Avant même de s'intéresser aux individus qui composent l'organisation, il s'agit ici d'examiner les emplois, postes ou tâches autour desquels l'activité de l'entreprise est structurée et le travail organisé. L’analyse des emplois est une base systématique qui doit permettre d'objectiver les décisions de gestion des ressources humaines.

Aujourd’hui plus que jamais, les entreprises se trouvent confrontées à plusieurs situations parmi lesquelles nous citons le problème de l’analyse  des emplois, l’évaluation des emplois, la planification des mains d’œuvre, l’opération de recrutement, la sélection, l’affectation du personnel, le développement des ressources humaines et l’organisation du travail.

A ce sujet, dans son ouvrage intitulé la Gestion des Ressources Humaines, un nouveau défi pour l’entreprise zaïroise, Jean R. ISAFO affirme qu’ « il n’ y a pas de politique des Ressources Humaines sans une vision claire de l’entreprise, de ce qu’ elle est et de ce qu’ elle voudrait être.  La meilleure de solution est de mettre en place un système d’appréciation le plus objectif possible qui permet d’apprécier les hommes par rapport à des critères reconnus et acceptés. Autrement dit, mettre l’homme a la place qu’il faut. On se rappellera qu’on apprécie ou qu’on juge en premier lieu un travail, un résultat, pas un homme. D’où l’importance et le rôle de l’appréciation dans la gestion des Ressources Humaines »[1].

Nous comprendrons mieux que l’analyse des emplois est la première activité pour toute entreprise ou toute organisation qui veut progresser car, sans analyse des emplois rationnellement menée, il serait indubitablement illusoire de prétendre, en gestion des ressources humaines, recruter, affecter, promouvoir, rémunérer, etc.  Avec rationalité et équité[2].

Abordant dans le même sens, Jean R ISAFFO n’a pas mâché les mots en disant en ces termes : « on a découvert que les hommes sont la richesse primordiale de l’entreprise et de l’organisation et que la gestion de cette richesse ne pouvait plus se faire avec le même esprit ni avec les mêmes méthodes. La valorisation et la mobilisation des ressources humaines sont aujourd’hui un élément majeur d’efficacité, au même titre que les ressources financières ou techniques »[3].

C’est avec amertume que nous constatons que beaucoup de gestionnaires d’entreprise ou d’organisation semblent mettre de côté la notion de l’analyse des emplois, pourtant elle permettra d’identifier les capacités ou les compétences pour une meilleure affectation du personnel au poste qui lui convient le mieux au sein de l’entreprise.

L’analyse des emplois est une opération permettant de déterminer la valeur relative de chacun des emplois et de fixer les différents niveaux salariaux. Même en cas de la révision d’une politique salariale, l’analyse des emplois crée un sentiment d’équité au sein d’une organisation, étant donné que la notion d’équité, qui implique une comparaison, renvoie à l’établissement des normes uniformes pour tous.

KABAMBI NTANDA Justin Vital souligne l’importance de l’analyse des emplois quand il s’exprime que mieux encore, l’analyse des emplois constitue l’épine dorsale non seulement de l’évaluation des emplois, mais d’un certain nombre de rouages qui concourent à l’administration des ressources humaines. Pourquoi, on ne prête pas toujours l’attention à ce travail d’analyse préalable des emplois. L’analyse mal élaborée hypothèque grandement et sérieusement la validité de l’évaluation et donc la réussite du système que l’on désire instaurer. Si l’analyse des emplois est mal effectuée, les données qui vont suivre dans le cadre de l’évaluation seront également erronées ou incomplete.il s’en suivra un gaspillage énorme en effort, temps matériel et argent dans les autres phases de l’installation du programme d’évaluation[4].

Ainsi donc, l’analyse des emplois devient une étape la plus incontournable pour le bien-être et la survie de l’entreprise. C’est pourquoi, il est vivement souhaité de ne recueillir et sérier que des faits véritables et fidèles dans le cadre de l’analyse des emplois. De ce fait, l’organisation (Entreprise) doit, compte tenu de cette importance, faire en sorte que le relevé des faits et l’analyse soient effectués de façon adéquate et par des personnes compétentes afin que  les finalités de ces analyses d’emploi soient bien servies[5].

L’analyse d’emploi est l’outil de base de la gestion des ressources humaines dans une entreprise. Elle permet de disposer d’une vision claire des contenus des emplois de l’entreprise, définir les missions des collaborateurs et les compétences associées ; communiquer sur le contenu d’un emploi dans le cadre d’un recrutement ou d’une mobilité ; évaluer/apprécier un salarié au regard de la tenue de son emploi.

L’analyse des emplois permet de mettre sur pied les profils des individus sur base des exigences des emplois. Ces profils permettent la mise sur pied du plan de recrutement, de sélection et de placement du personnel. Le plan de recrutement, de formation, de sélection, d’évaluation, de  rémunération, plan de carrière et de placement rationnellement établi sur la base des qualités requises pour chaque poste et permettra que l’affectation des travailleurs se fasse d’une façon méthodique.

En effet, par-delà ce que nous venons de mentionner ci-haut, nous sommes appelés aujourd’hui à aborder le problème de l’impact de l’analyse des emplois sur l’affectation du personnel dans une entreprise comme des gestionnaires responsables d’autant plus que l’analyse des emplois est et reste la première activité ou levier qui ouvre la porte à toutes les autres activités pour la bonne gestion de l’entreprise.

Frère Barnabé Mbadji, ofm



[1] ISAFFO Jean R ; La Gestion des Ressources Humaines, un nouveau défi pour l’entreprise zaïroise, Ed CADECEC- 

  UNIAPAC – ZAIRE, Kinshasa, P.27.

[2] LUMANU MUKONKOLE ; Cours d’analyse descriptive et classification des emplois, G4GRH, ISES, 2020-2021, Inédit.

[3] ISAFFO Jean R; Op.cit., P.26.

[4] KABAMBI NTANDA Justin V., Manuel Pratique d’analyse, d’évaluation des emplois et de conversion en structure des salaires dans les organisations, Presses Universitaires du Congo, Kinshasa 2003, P.4.

[5] KABAMBI NTANDA Justin V., Idem, P.4.

Quelques Photos







14 octobre 2021

La joie à la paroisse sainte Claire de Ngengere-Butembo

Mgr Melchisédech Sikuli entouré des frères ofm et des pré-postulants, ofm


Le dimanche 03 Octobre 2021 à la Paroisse Sainte Claire de Ngengere quatorze jeunes ont fait leur entrée au pré-postulant franciscain et ont reçu par la même occasion les taux franciscains. Cet événement s’est déroulé au cours de la célébration eucharistique présidé par Monseigneur Melchisédech Sikuli, évêque du diocèse de Butembo-Beni. Après la messe, le bâtiment des bureaux de la paroisse et la grande salle nouvellement construits ont été bénis. Cette journée a été marquée par un grand rayonnement de la joie à la franciscaine. Il y a de quoi garder ce jour comme inoubliable dans nos cœurs.

Frère Charles Kinyabunguma, ofm





Quelques Photos

Les pré-postulants durant la messe


Bénédiction des bâtiments

Bâtiment des bureaux de la paroisse


La fraternité Franciscaine et le pré-postulat de Ngengere

Ecole primaire Ngengere

Bâtiment de l'Institut saint François

Bâtiments des sœurs réparatrices de la Sainte Face de Jésus


12 octobre 2021

La leçon inaugurale par le professeur Jean-Claude Mulekya Kinombe, ofm

 

De gauche à droite
Frère Gustave Muderhwa, ofm et Frère Jean-Claude Mulekya, ofm

La leçon inaugurale était présentée par le professeur Jean-Claude Mulekya Kinombe, ofm : Donner la vie en abondance pour un christianisme congolais crédible. Au-delà des prétentions du christianisme exaltationiste, Paris, L’Harmattan, 2021.

La situation socio-politique, économique et les diverses crises en R.D. Congo montrent clairement que la mémoire congolaise est écrite par le ‘sang’. Elle est une mémoire douloureuse marquée, non seulement par la faim, la misère, l’analphabétisme, mais aussi par des massacres, des guerres à répétition, le viol, les crimes, les assassinats, le tribalisme, le profit d’une minorité, etc. bref, par la gestion irresponsable de la res publica et des prédications apolitiques. Le taux significatif de chômage, surtout parmi les jeunes, garantit que les écoles congolaises ne produisent que des jeunes diplômés, licenciés, pour gonfler le nombre des chômeurs. L’économie formelle du pays ne donne du travail qu’à une frange limitée de la population. Et, malheureusement, dans la plupart de cas, ce travail n’est pas bien rémunéré et par conséquent, il ne permet pas de sortir de la pauvreté. Le faible salaire ne met pas le travailleur dans la condition de donner le meilleur de lui-même. C’est la politique des intérêts privés, de guerres, de pillages, des massacres qui l’emporte. Pour cette forme politique, ceux qui exercent une fonction politique, l'exercent prioritairement pour en retirer certains avantages personnels et non pour proposer un véritable programme économique, politique et ou sociétal. C’est en peu de mots « la politique du ventre » qui règne.

Voilà pourquoi, notre cogitation interroge non seulement les sources historiques du pays et celles de la foi chrétienne pour comprendre la quintessence de la souffrance, mais aussi pose l’urgence d’un christianisme sensible à la memoria passionis, un christianisme donneur de la vie en abondance militant pour un nouvel homme Congolais pour qui, l’appartenance au Christ n’implique pas la négation du monde, mais la responsabilité envers lui en qualité de ‘serviteur’.

En effet, la réalité congolaise est un contraste ! Oui c’est un contraste en R.D. Congo ! Comment avoir tout dans un pays et manquer presque de tout ? L’on s’interroge sur le pourquoi de la pauvreté en R.D. Congo ! Un pays vachement riche en ressources humaines, naturelles, du sol et du sous-sol, mais dont le peuple est le plus pauvre de la planète ! Ses richesses ne sont qu’à la base de guerres, d’utopies, de violences perpétrées pour l’enrichissement d’une minorité !

Et pourtant, c’est l’un des plus grands pays chrétiens du monde. Le désir de tout réussir exclusivement par la prière engendre non seulement le goût d’une réussite sans trop d’efforts qui est à la base de « ‘l’industrie des miracles’ en lieu et place de ‘l’industrie de la sueur de son front’ ». Pour des congolais, la bénédiction de Dieu et le salut ne sont compris que sur le plan matériel, terrestre et immédiat de la ‘prospérité’. C’est ainsi qu’en R.D. Congo, les sectes poussent comme des champignons  touchant toutes les couches et les catégories sociales, de l’homme de la rue au politicien, du professeur d’Universités passant par le militaire tous grades confondus. La fréquence journalière et nocturne des églises ou des maisons de culte s’observe. A Kinshasa, on peut rencontrer le père d’une famille fondateur d’une église et le fils d’une autre. Ainsi, une certaine confusion se note entre groupes de prière, mouvement à charisme propre, Églises dissidentes, Églises indépendantes, entretenue par une multitude de prophètes de fortune, des serviteurs de Dieu improvisés et des Binzambi-Nzambi de tout bord.

En outre, l’imaginaire collectif du congolais colle tout ce qui ne va pas au ‘démon’, à ‘l’esprit de mort’. Les malheurs sont souvent expliqués par l’action du démon, des forces occultes et des puissances maléfiques. On observe une sorte de superposition entre la figure biblique du démon et celle, plus traditionnelle, du sorcier. Les causes réelles des maux sociaux sont occultées au profit des causes métaphysiques, surnaturelles. La précarité des conditions socio-économiques, l’insatisfaction des besoins les plus élémentaires, conduisent un grand nombre de gens dans des ‘religions-miracles’ espérant aux résultats miraculeux. En manipulant les esprits de fidèles pour qu’ils offrent plus d’argent aux pasteurs, ces religions se présentent comme vecteurs d’enrichissement et de réussite sociale.

Face à des prédications religieuses favorisant le suicide de la pensée, l’anti-intellectualisme, l’émotionalisme et l’antipolitisme, le Congolais voit finalement son calvaire comme une fatalité et s’appuie sur des slogans, devenus les maîtres mots : « Kolo kaka, Kolo akosunga » (en français : « Dieu seul nous délivrera »), « Dieu est au contrôle », et d’autres de ces genres. Condamné à la résignation, déprimé, il se réfugie dans des prières en végétant dans la misère et en se consolant par les chants et les danses espérant au bonheur céleste. Entre-temps, certaines autorités se donnent au pillage ou à la gestion irresponsable des deniers publics et personne n’est là pour des reproches, n’est-ce pas là une déresponsabilisation !

Voilà pourquoi, le bouillonnement du christianisme congolais, sans peur de nous tromper, demeure une réalité apparente. Il cache sans doute le désaccord entre la foi professée et la foi vécue. Bien que les églises congolaises soient remplies, la société congolaise se caractérise aujourd’hui non seulement par trop de haines, de divisions, d’injustices, de violences, de guerres, de corruptions, de méchancetés, mais aussi par le manque de charité et de fraternité. Le slogan, « Pasi na yo, pasi na nga », (ta souffrance est aussi la mienne), n’y a plus de place. Le prochain est même accusé de sorcier, et par conséquent, il est écarté, méprisé et détruit. Le semblable est ainsi considéré non comme un frère, une sœur, mais comme un ‘loup’, porteur du ‘blocage’ de la vie des autres. D’où, « les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger ».


Ainsi donc, face à la réalité paradoxale qui se vit en RDC, notre cogitation théologique est à la recherche d’un christianisme donneur de la vie en abondance (cf. Jn10, 10). La sensibilité vers l’autre qui souffre est une nouvelle manière de vivre à la suite du Christ. Elle est l’expression plus convaincante de l’amour que Jésus a confié à ses disciples et attend d’eux (cf. Jn 13,34). C’est dans l’unité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain que s’inscrit le christianisme dans le monde. D’où l’urgence d’un christianisme crédible en R.D. Congo qui donne la vie en abondance.

Face aux pensées de Heidegger de concevoir l’homme comme un « être-vers-la-mort », ou de Jean-Paul Sartre de l’homme comme « une passion inutile » ; le congolais, dans son muntuité, est « un-être-pour-la-vie ». Le franciscain Tempels l’a bien souligné que la vie a une valeur suprême dans l’univers du négro-africain. La vie constitue le Fondement, la Source, l'Origine, l'Archétype, le Principe primordial qui génère la réalité, à partir de laquelle tout a son origine et sa vie. Pour l’Africain, « la vie est une perpétuelle croissance qui ne finit pas, même pas avec la mort ». Le Pape Jean-Paul II l'a également affirmé dans son homélie pour l’ouverture au synode spéciale des Évêques africains en 1994 : « Les fils et les filles de l’Afrique aiment la vie. C'est précisément l'amour de la vie qui leur commande d'attacher une si grande importance à la vénération de leurs ancêtres ». Cette pensée ressort aussi dans l’article de François Kabasele et René Heyer : « Les Africains aiment et célèbrent la vie. Pour eux, la vie est le bien suprême, le don sacré par excellence de l’Au-delà̀. Au cours des péripéties atroces de leur histoire, beaucoup d’entre eux ont préféré́ demeurer dans une vie d’esclave plutôt que de se donner la mort, devant la négation de leur liberté́! On peut critiquer un tel amour de la vie. Mais c’est un choix qui répond à une conception du monde et de la vie partagée par la plupart des peuples d’Afrique noire subsaharienne ».

Cependant la vie étant une donnée fondamentale pour les Congolais ; elle est à protéger, à renforcer ou à donner en abondance. Il ne s’agit pas seulement de la vie comme « bios », « psyché », mais comme « zoè », la vie en abondance.

Voilà pourquoi, le christianisme congolais, prêchant l'Évangile, ne peut pas fermer les yeux aux forces qui mettent la vie à mort ; le christianisme congolais ne peut pas tourner le dos à tant d’hommes et de femmes qui vivent dans la misère, les massacres et l’exploitation, ni proclamer du haut de la chair que Dieu est vivant en se taisant sur les situations d’injustice en vogue ; il doit plutôt conscientiser le Congolais à prendre son histoire et son destin en main pour l’amélioration de la condition sociale, économique, religieuse à partir de l’Évangile du Christ Libérateur. Il s’agit là, d’une part de l’incarnation de l’Évangile dans des milieux des responsabilités où s’élaborent les dispositions politiques, économiques, sociales et culturelles du pays ; et d’autre part assumer chacun sa responsabilité.

Le christianisme congolais a à œuvrer pour le Royaume de Dieu (Lc 6, 33) s'engageant à annoncer la Parole de Vie, à dénoncer tout ce qui tue la vie, les politiques injustes, toutes les spiritualités qui conduisent à la recherche de « ‘l'industrie des miracles’ au lieu de ‘l'industrie de la sueur’» et enfin à renoncer à toutes les tendances triomphalistes, renoncer aux cadeaux empoisonnés. L’Église ne peut pas perdre de vue sa mission prophétique face aux cadeaux et aux biens offerts par des gens au pouvoir. Dans la plupart de cas, ces biens ne sont pas offerts par « gratis pro Deo » mais pour créer une sorte de dette morale. Car, comment comprendre que dans un pays où la quasi-totalité de la population vit dans la misère et qu’un homme au pouvoir offre publiquement à un futur ministre de Dieu un véhicule de plus de 15.000 dollars américains ? L’on se demande si réellement cet acte relève vraiment de la charité ou d’achat de la conscience ? Ce n’est qu’une dette morale conduisant les hommes de Dieu à garder les bouches fermées devant les forfaits du donateur ! De telles offres ne sont que des cadeaux ‘empoisonnés’, des actes de vente de conscience, d’achat du silence. Ce sont là les intentions profondes de ces offres conduisant la population à taxer avec raison les ministres de Dieu de complices de leur misère.

Le christianisme congolais doit donc concilier le temporel et le spirituel pour engendrer le christianisme du Christ, donneur de vie en abondance (cf. Jn 10, 10). C'est là que réside le défi actuel de l’évangélisation et de la théologie aujourd'hui en R.D. Congo.

Pour la crédibilité de la révélation chrétienne, la théologie est invitée à penser et à repenser la foi chrétienne congolaise, non seulement de manière métaphysique, parlant d'un salut lointain, déconnecté de l'histoire et de la culture humaine, mais de manière pratique tenant compte du sujet qui vit sa foi de manière concrète. Car, le discours sur Dieu touche et concerne les hommes concrets, qui partagent les conditions concrètes, dans un monde concret, dans lequel Dieu se fait pauvre avec le pauvre, affamé avec l’affamé, congolais avec le congolais, africain avec l’africain.

Voilà notre raison d’être étudiantes, étudiants et professeurs, philosophes et théologiens congolais : Penser et repenser le christianisme congolais en vue de le rendre crédible.

 

Frère Jean-Claude Mulekya Kinombe, ofm


Ouverture de l'année académique 2021-2022 à l'ISPTK/Scolasticat Bienheureux Jean XXIII

 


L'Institut Supérieur de Philosophie et de Théologie/Scolasticat Bienheureux Jean XXIII (ISPTK) a lancé officiellement l'ouverture de l'année académique 2021-2022 ce lundi 11/10/2021, à l'occasion de la fête de son saint patron (Saint Jean XXIII).

En effet, tout a débuté à 9h00' avec une messe qui était dédiée à l'Esprit-Saint. Celle-ci était présidée par le révérend Frère recteur Crispin Beya, ofm qui était accompagné par quelques prêtres et trois nouveaux diacres et était animée par les frères étudiants franciscains. Dans sa prédication, le recteur avait souligné l'attachement au Christ et l'esprit du progrès. Et c'était à 10h25' que la messe a pris fin.

Ensuite, juste après une pause de 15', c'était le discours d'ouverture de l'année académique du recteur de l'ISPTK le révérend Frère Crispin Beya, ofm. Ce dernier avait souligné l'esprit d'abnégation et d'engagement, les défis et la réforme. Après s'en était suivi la leçon inaugurale, qui était exposée par le révérend Frère Jean-Claude Mulekya ofm, sur l'intitulé de son ouvrage: " Donner la vie en abondance pour un Christianisme congolais crédible".

Enfin, tout s'est achevé avec un cocktail.

Frère Jacques Mununga Sonyi, ofm et Frère Faustin Paluku Nzuki, ofm

Quelques photos




De gauche à droite 
Frère Gustave Muderhwa, ofm et Frère Crispin Beya, ofm





10 octobre 2021

Clôture du jubilé du cinquantenaire du Diocèse de Kolwezi



''L'Eglise particulière de Kolwezi'' vient de faire un pas de plus dans sa mission pastorale.

Ce dimanche 10/10/2021 les fidèles catholiques se sont réunis avec leur pasteur, son Excellence Monseigneur, Nestor Ngoy Katahwa, en une célébration eucharistique au domaine marial dudit diocèse.

En effet, tout a commencé à 9h30 quand l'immense procession a défilé jusqu'à l'autel où son Excellence Monseigneur Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi a présidé la célébration eucharistique. Cette messe a connu la participation de tant d'évêques, des prêtres, des diacres, des congrégations tant féminines que masculines, des fidèles catholiques de Kolwezi et d’ailleurs.

Parmi les évêques présents, nous citons leurs Excellences Messeigneurs Gaston Ruvezi, évêque de Sakania-Kipushi; Jean-Christophe Amade, évêque de Kalemie-Kirungu; Oscar Ngoy, évêque de Kongolo; Placide Lubamba, évêque de Kasongo, et de Nestor Ngoy, évêque même de Kolwezi.

Au cours de son homélie très pénétrante, son Excellence Monseigneur Fulgence Muteba a souligné qu'il vaut mieux se questionner sur ''D'où venons-nous, où sommes-nous et où allons-nous ", à l'heure où le diocèse de Kolwezi célèbre cinquante ans depuis sa création, née du diocèse de Kamina depuis 1971.

Le président du jour a ajouté qu'il y a la nécessité d'user du discernement dans la gestion des biens matériels, moindres ou énormes qu'ils soient, à la suite de l'Évangile du jour sur le jeune homme riche, retransmis par saint Marc (10,17-30).

La liturgie a été animée par la paroisse Bienheureuse Anuarite.

Avant la fin de ladite journée qui clôture l'année du cinquantenaire, il y a eu successivement des mots de circonstance :

-Mot de la Cenco,

-Mot de l'Assemblée épiscopale de la province ecclésiastique de Lubumbashi,

-Mot de son excellence Monseigneur Nestor Ngoy,

-Mot du vicaire général de Kolwezi, Abbé Jean-Pierre Yav.

Au finish, la bénédiction a été donnée à 13h30, heure locale.

Après la sainte liturgie, les activités de fête se sont poursuivies dans la concession des Sœurs du Bon Pasteur, à quelques mètres du domaine marial de Kolwezi.

Kolwezi, le 10/10/2021

Frère Faustin Paluku Nzuki, ofm.

Quelques Photos





















À LIRE AUSSI