Saint François d'Assise |
Chers Frères,
Que le seigneur vous donne sa
paix !
1. En cette solennité de Saint François d’Assise de l’an 2021, je voudrais attirer l’attention de tous sur le fait qu’il n’y a pas eu longtemps que nous avons célébré avec joie le centenaire de la présence franciscaine au Congo ; l’Ordre venait de célébrer le Chapitre Général[1] et bientôt nous allons accueillir le Visiteur général pour notre Province en vue du chapitre provincial prochain. Toutefois, le monde continue à être secoué par la covid 19. Ce sont des moments forts de notre histoire qui doivent nous interpeller et nous inviter à toujours être attentifs aux signes du temps en tenant toujours notre lampe allumée (Mat. 25, 1-25) car comme l’a dit le pape François, « nous ne vivons pas une époque de changements, mais un changement d’époque »[2]. Alors il nous faut ouvrir l’œil.
2. Comme « pèlerins et
étrangers » dans le monde (RB 6, 2 ; Test 24) nous continuons à être des
« disciples missionnaires »[3] dans le
monde, mais pas partisans du monde. Nous venons de loin et nous
sommes en train d’aller loin. Il est toujours important de s’arrêter à chaque
étape du voyage pour réfléchir, pour se ressourcer et poursuivre son
chemin.
A l’étape où nous sommes, fort est de
constater et affirmer que dans notre Province les frères sont heureux de leur
vocation de frère mineur, « malgré les divers défis qu’affrontent l’Église
et le monde aujourd’hui, nous, frères mineurs, nous reconnaissons qu’il y a
aussi des possibilités au milieu des difficultés »[4]. Nous pouvons faire
plus, en taillant notre chemin dans le roc.
3. Les vocations sont
toujours en croissance. La province attire encore les jeunes et cela nous donne
l’Esperance pour l’avenir malgré les difficultés financières pour le soutenir.
Cependant nous ne pouvons pas nous contenter de cette croissance des vocations,
sans avoir à l’esprit l’idée et les stratégies d’encadrer ces jeunes en leur
donnant premièrement un bon témoignage de vie ensuite, un bon accompagnement
spirituel sur toutes les étapes de formation dans l’Ordre. Mais certains
d’entre nous semblent perdre et d’autres ont tout simplement perdu le sens de
leur vocation, de leurs vœux et donnent un contre-témoignage
en permanence.
5. Certains sont tombés dans des scandales
des immoralités et s’y sont enfoncés en s’enfermant sur eux-mêmes. A
ceux-là nous leur disons avec St François : « Heureux le
serviteur qui, lorsqu'il est repris, reconnaît facilement ses torts, cède
volontiers, avoue humblement et répare de bon cœur » ( Adm 2,). Cette
attitude d’immoralité est parfois favorisée par ce que le pape
Benoît XVI appelait le ‘continent numérique’. En effet beaucoup de frères
et sœurs « passent une partie très importante de leur temps sur internet,
se servant de diverses plateformes de médias sociaux…. »[5]. Ce‘
continent numérique’ nous devrions l’utiliser pour nous rapprocher
fraternellement les uns des autres, pour prêcher l’Évangile de
Jésus-Christ et non pour nous perdre et perdre les peuples de Dieu. C’est
un instrument indispensable, mais aussi un couteau à double
tranchant : il faut s’en servir avec prudence et discernement.
6. D’autres enfin,
versent dans la recherche effrénée de leur avoir matériel pour eux-mêmes ou
pour les leurs sans aucun souci du sens de la mise en commun et du
partage communautaire, bafouant ainsi notre vœu de pauvreté.
7. Souvent nous nous
lamentons de la crise économique, du covid 19 etc, et pourtant ce
sont toujours des moments de grâce pour notre propre conversion. Le Saint
Père dit que « la règle de base d’une crise est de ne pas en sortir
identique. Si vous la traversez, vous en sortez meilleur ou pire, mais jamais
le même »[6] .A nous de
choisir : comment nous voulons sortir de cette crise.
8. Pour s’en sortir une piste est nécessaire :
le dialogue et la promotion d’une « ’économie fraternelle »[7]s’avèrent
indispensables dans nos fraternités. Il convient que les Fraternités
ressuscitent les chapitres locaux dans un esprit de dialogue. En
effet dans certaines Fraternités on évite de tenir des chapitres, parce
qu’ils sont sources des tensions. Cela ne devrait pas en être ainsi. Nous «
sommes tous frères » (RnB22, 33 ; Adm. 7) et
sommes appelés à nous parler fraternellement. Ainsi, nous invitons « tous
les frères à ne jamais perdre de vue que nous sommes tous frères
d’abord avant tout autre ministère, position ou titre que nous pouvons
exercer ou détenir »[8]. N’oublions
jamais cela, c’est une richesse que notre Père séraphique nous a léguée.
Le chapitre local est le moment où nous sommes appelés à organiser la vie
fraternelle Mettons en commun ce que nous avons de semblable et
réjouissons-nous de différence. Une vie fraternelle et communautaire bien
équilibrée permet aux membres de vivre leurs engagements (leurs vœux
professés).
9. Prenons conscience du fait que « Le
Peuple de Dieu exige plus de nous en vertu de notre engagement public d’être
des frères mineurs à l’exemple de saint François. » et
pour cela « Nous ne devons jamais craindre de ‘recommencer’ »[9] (1Cel 103),
recommencer pour améliorer et aller plus loin sur les traces de saint François
et dans la sequella christi.
Fr André MURHABALE,
Ofm
Ministre Provincial
[1] De ce Chapitre
Général 2021, nous avons un nouveau Gouvernement Général
[2] Pape
François, Rencontre avec les participants au Ve Congrès de l’Église
italienne,
Cathédrale
Santa Maria del Fiore, Florence, 10 novembre 2015)
[3] Evangelii
Gaudium, 120
[4] Doc Final Chap
Gen. 2021 Répondant à l’invitation du Saint-Esprit comme Frères Mineurs
dans l’Église
et dans le monde, n°2
[5] Doc Final Chap Gen. 202, n°32.
[6] Pape
François, Un temps pour changer, Flammarion, 2020
[7] Doc Final Chap Gen. 2021, n°22
[8] Doc Final Chap Gen. 2021, n°24.
[9] Doc Final Chap Gen. 2021, n°10.
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