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11 octobre 2022

Messe patronale et d'ouverture de l'année académique de l'Université Jean XXIII de Kolwezi (UJKOL)


Frère Jean-Claude Mulekya, ofm

Chers Professeurs, chers invités, Révérendes sœurs, Révérends Pères, chers étudiantes et étudiants ; cette messe, comme vous le savez, est célébrée en la fête du saint Patron de l’Université Jean XXIII de Kolwezi et marque l’ouverture de l’année académique surtout pour les facultés de Philosophie et de théologie. Les autres facultés suivront après. 

La date du 11 octobre n’est pas la date de naissance de Angelo Giuseppe Roncalli, le Pape Jean XXIII ; elle n’est ni la date de sa mort, ni de sa canonisation. Angelo Giuseppe Roncalli, le Pape Jean XXIII, est né à Bergame le 25 novembre 1881 et est mort au Vatican le 3 juin 1963, canonisé avec le saint Jean-Paul II par le Pape François le 27 avril 2014. 

La date du 11 octobre est retenue par l’Église pour célébrer Jean XXIII parce qu’elle marque l’ouverture du Concile Vatican II que lui-même, Jean XXIII, a convoqué pour la mise à jour de l’Église dans le monde en pleine mutation. Ce Concile a comme mot d’ordre l’aggiornamento de l’Église.  Le mot aggiornamento décrit bien la démarche du Concile voulu par Jean XXIII. Il s'agit d'une double mise à jour : l'Église se purifie d'abord en se redéfinissant elle-même et, d'autre part, elle s'efforce de renouveler sa compréhension du monde actuel. Cette double intuition, à la fois théologique et anthropologique, doit devenir le fil conducteur de l’Université Jean XXIII de Kolwezi.

Bien chers frères et sœurs, par l’Arrêté Ministériel du 21 décembre 2021, l’ISPTK est devenu l’Université Jean XXIII de Kolwezi, « UJKOL » en sigle. C’est pour nous un motif de rendre grâce à Dieu qui a rendu possible toutes les démarches faites par le provincial André Murhabale ofm et son définitoire, le père Crispin Beya ofm, l’ancien Recteur ; le père Gustave Muderhwa, le Secrétaire Général Académique, le père Gustave Mbak, le Secrétaire Administratif et toutes les personnes de bonne volonté. 

Avec les facultés organisées en son sein, la contribution de l’UJKOL doit être palpable et bénéfique pour la société. 

Au fait, comme nous l’avons écouté dans la première lecture de la messe, tirée du livre de Qohèleth ou Ecclésiaste, l'histoire humaine est marquée par le désir de recherche, le désir de savoir : « Moi, Qohèleth, j'étais roi d'Israël à Jérusalem. Je me suis mis à rechercher et à explorer avec sagesse tout ce qui se fait sous le ciel. C'est une occupation pénible que Dieu a donnée aux hommes pour travailler" (Qo 1,12-13). Quelle est l’occupation pénible que Dieu a donné aux hommes ? Qohèleth répond dans le passage lu : se mettre à la recherche et à explorer avec sagesse tout ce qui est sous le ciel. Voilà le rôle d’une Université, de l’UJKOL, il ne s’agit pas de manger et de boire, de dormir et de ronfler, ni de chercher les enfants, ni de gober comme un perroquet tous les enseignements, mais il s’agit de se mettre assis, de se mettre à la recherche, d’explorer avec sagesse tout ce qui est sous le ciel. 

Sans aucun doute, chaque être humain a le désir de savoir ; il enquête sur tout et pose des questions constantes. Mais dans cette recherche ininterrompue, la question fondamentale est toujours la même : qu'est-ce que l'homme ? Qui suis-je moi qui justement pose la question de mon identité et que signifie cette quête ? Pourquoi la mort ? Y a-t-il une grande espérance dans la vie ? Schelling et Heidegger, de leur part, s’interrogent : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? De sa part, dans son champ philosophique, Emmanuel Kant se pose trois questions : Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que puis-je espérer ? 

Voilà, mes sœurs et mes frères, la raison d’être de la faculté de Philosophie et de théologie dans cette institution pour s’interroger sur la totalité du réel : l’Absolu, l’homme et le cosmos. Les autres sciences nous aideront à gérer avec responsabilité notre Terre, la maison commune, selon l’expression du Pape François dans l’encyclique Laudato Si. 

Cependant le scientifique, le philosophe, tout comme le théologien doit être conscient que sa réflexion porte sur le Mystère qui ne peut jamais être totalement cerné par la raison humaine, même si elle est éclairée par la lumière de la foi. De façon particulière, la théologie est conditionnée par les limites de la raison et du langage. En s’interrogeant sur Dieu, le théologien tout comme le scientifique est appelé à l’humilité car les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres : Is 55,8-9. Voilà pourquoi, le théologien doit être conséquent de ses propos. Dieu transcende tout ce qui est créé et tout concept humain, « y compris les paroles humaines qu'il a lui-même choisies pour se révéler. Ce n'est pas parce que Dieu n’a aucune limite, mais parce qu'il n'y a pas de mot capable de l'exprimer parfaitement »[1]. L'approche de sa révélation exige donc des dispositions d'humilité et une constante ouverture d'esprit et de cœur. Nous ne sommes pas devant un objet que nous pouvons déchiffrer et posséder, mais devant la Vérité elle-même, le Sens de tout, y compris notre existence. Dans ce sens, le croyant tout comme le scientifique ne doit pas être arrogant ; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que, plutôt que de la posséder, c'est elle qui nous embrasse et nous possède[2]. A cet égard, le Pape François, dans l’Exhortation Veritatis Gaudium, affirme que « le théologien qui se contente de sa pensée complète et conclue est un théologien médiocre. Le bon théologien et philosophe a une pensée ouverte, c'est-à-dire incomplète, toujours ouverte à la maius de Dieu et de la vérité, toujours en développement » [3]

Dans cette optique, les chercheurs, les universitaires, sont appelés à l’humilité. Avec cette vertu, ils mettront l’accent sur l’interdisciplinarité, le dialogue avec les autres sciences, le dialogue entre la foi et la raison, pour s’élever vers la Vérité comme le disait Jean-Paul II, dans Fides et Ratio. Dans cet ordre d’idée, les diverses disciplines scientifiques, organisées à l’UJKOL, doivent être enseignées de telle manière qu’à partir des raisons internes de leur objet propre s’ouvrent aux autres disciplines. Que le Seigneur guide cette œuvre pour sa gloire et pour le bien de notre société congolaise. Amen. 

Kolwezi, 11 octobre 2022

 Frère Jean-Claude Mulekya Kinombe, ofm




[1] L. F. MATEO-SECO, Voce “Dios” in C. IZQUIERDO (dir.), J. BURGGRAF, F. M. AROCENA, Diccionario de Teología, EUNSA, Pamplona 2006, 235. La traduzione dallo spagnolo è nostra.

[2] FRANCESCO, Lumen Fidei, n. 34.

[3] Francesco, Costituzione Apostolica Veritatis gaudium circa le Università e le facoltà ecclesiastiche, 3.

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