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03 octobre 2020

La triade kénotique de Saint François d'Assise

 


INTRODUCTION

 Au premier abord, l’intuition théologique de saint François est un thème développé par Alexander GERKEN, auteur de notre article que nous avons exploité pour constituer l’ossature de notre travail.

En effet, saint François d’Assise a évolué dans une société où la pratique chrétienne était plus ample de sorte qu’il fut considéré aux yeux de ses contemporains comme un théologien alors que son histoire nous révèle qu’il fut un illettré mais évoluant dans une ambiance bourgeoise, il fut ambitieux de la poésie d’où le squelette de ses écrits : cantique de frère soleil, lettre à saint Antoine de Padoue, etc.

Eu égard, saint François était considéré au même mérite que les grands fondateurs des Ordres religieux tels que saints Benoît, Basile, Augustin, etc. qui furent ses prédécesseurs ou contemporains.

Ainsi, par des nombreuses investigations portées à l’endroit de sa spiritualité et de son charisme, Gerken a voulu aussi en connaître davantage jusqu’à nous fournir cet article si riche nous exposant la Triple kénose de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est le sommet de l’amour et de l’humilité de Dieu pour le monde déchu et pécheur.

C’est pourquoi, au cours de notre travail nous donnerons la synthèse sur la recherche de Gerken produite dans cet article qui fait l’objet de notre réflexion tout en mettant notre apport et notre avis critique sur cette « Intuition théologique de saint François d’Assise ».

Signalons que, notre problématique se fonde sur la manière dont saint François a su concilier cette triade c’est-à-dire la manière dont il a pu développer cette triple kénose au cours de son vivant et en faire le centre et le sommet de sa vocation à vivre selon « l’évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

I. LA TRIADE KENOTIQUE DE SAINT FRANCOIS D’ASSISE



D’après saint François d’Assise, Dieu qui a tant aimé le monde malgré la récrimination de son peuple, lui a envoyé son propre Fils (Jn 3,16 ; 1Jn, 9) qui est sa Parole vivante afin de sauver l’humanité. Cette parole s’est incarnée dans sa créature jadis annoncée en la personne de la Bienheureuse Vierge Marie (Mi 5, 2 ; Is 7, 14 ; So3, 14-15 ; Lc 1, 31, Mt 1, 21).Né dans une crèche, dans une étable, le Fils de Dieu manifeste son abaissement dans la pauvre existence pèlerine des hommes (Cfr. Alexander GERKEN, Intuition théologique de saint François d’Assise, 1982, p.1) se prolonge durant sa vie.

Ce pèlerinage qui a commencé par la parole au sein de la Bienheureuse Vierge Marie grâce à son « Fiat » : son oui fidèle à Dieu, se développe dans une vie très simple et très pauvre jusqu’à l’achèvement sur la croix comme point culminant d’abaissement manifesté dans l’Incarnation (Cfr.A.GERKEN, p.1). 


Ainsi, ayant manifesté son abaissement dans l’incarnation et qui aboutit à la glorification sur la croix, le Fils de Dieu continue son abaissement dans une église pauvre et dans le sacrement de celle-ci, spécialement dans « les simples apparences du pain eucharistique » (Cfr.A.GERKEN, p.1), c’est-à-dire par son sacrifice de l’autel. D’où, en analysant cette triade nous saisissons la quintessence de l’intuition théologique de saint François d’Assise sur la Parole évangélique.



I.1. La théologie de la parole

Cette intuition théologique de la parole est révélée chez François par sa grande considération, sa grande estime sur le verbe de Dieu qui s’est fait homme et qui nous révèle le visage du Père.

En effet, Gerken souligne que cet ample estime sur le Verbe de François d’Assise est plus remarquable dans sa deuxième lettre à tous les fidèles dans laquelle il souligne la volonté du Père, qui en voulant sauver le monde a placé sa parole par le truchement de l’archange Gabriel dans le sein de la Bienheureuse Vierge Marie «  C’est verbe du Père, si digne, si saint et glorieux , le Très-Haut Père céleste, au moyen de son saint archange Gabriel , l’annonça dans le  sein de la sainte et glorieuse Vierge Marie , et de son ventre il reçut la vraie chair de notre humanité et fragile » (Cfr.A.GERKEN citant : 2lfid4 ; p.2). Cette même dimension François la révèle dans sa lettre aux clercs dans laquelle il évoque outre le corps et le sang de Jésus, dans le monde, il parle encore des « noms et paroles au moyen desquels nous avons été créés et rachetés de la mort à la vie » (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LCler3, p.82).

C’est ainsi que, poussé par sa grande considération pour la parole, il exhorte encore une fois aux clercs comme le stipule Gerken en citant le passage  de sa lettre aux clercs « Pareillement, partout où l’on trouvera les noms et paroles écrites du Seigneur en des lieux malpropres, qu’on les recueille et les place en un lieu honnête »(Cfr.A.GERKEN citant : LCler12, p.2).Cette attitude du Poverrelo d'Assise montre combien de fois il a une grande considération à la parole et ceci le pousse à recommander à tout l’Ordre de s’engager partout où les frères trouvent les divines paroles écrites de les vénérer  autant qu’ils pourront et outre la vénération, de bien les conserver à un endroit convenable afin d’honorer le Seigneur dans les paroles qu’il a prononcées. Car, la grâce du sacrement de l’autel émane de la bénédiction faite par les paroles de Dieu.



Par-là, nous appréhendons combien le saint d’Assise conciliait très bien le corps et le sang de Jésus avec ses paroles comme nous l’affirme cet extrait « nous devons garder aussi les vases sacrés et les livres liturgiques qui servent aux offices et qui contiennent ses saintes paroles » (Cfr.A.GERKEN, p.2). Saint François d'Assise identifie bien la parole et le pain eucharistique.

Cette réalité de son estime pour la parole s’est fortement remarquée au cours de sa vie de pénitence : tout d’abord en orientant son style de vie à l’observance stricte de saint évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, car par cet évangile il obtenait tant de réponses à ses problèmes et jusqu’à son dernier soupir en recommandant de lui faire la lecture de l’Évangile selon saint Jean (Cfr. Jn 13,1ss).

Voilà pourquoi Gerken montre que le nœud central de cette pensée est l’auto anéantissement de Dieu, la kénose. Par la parole, Dieu s’est révélé par amour pour l’humanité coupable et fragile (Cfr.A.GERKEN, p.3). D’où, pour François le lieu indigne où sont gardées les paroles divines c’est justement lorsque l’homme omet de répondre avec amour, à l’amour gratuit de Dieu. Car, pour lui, cela aussi, c’est abandonner la parole du Seigneur dans les lieux malpropres (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LOrd36, p.88). Donc par son expérience, le fils de Bernadone exhorte aux frères et à ses contemporains de bien accueillir la parole de Dieu dans leurs cœurs si fragiles par son abaissement.

I.2. Incarnation, un amour pour le monde

Cette intuition théologique de la parole est révélée chez François par sa grande considération, sa grande estime sur le verbe de Dieu qui s’est fait homme et qui nous révèle le visage du Père.

En effet, Gerken souligne que cet ample estime sur le Verbe de François d’Assise est plus remarquable dans sa deuxième lettre à tous les fidèles dans laquelle il souligne la volonté du Père, qui en voulant sauver le monde a placé sa parole par le truchement de l’archange Gabriel dans le sein de la Bienheureuse Vierge Marie «  C’est verbe du Père, si digne, si saint et glorieux , le Très-Haut Père céleste, au moyen de son saint archange Gabriel , l’annonça dans le  sein de la sainte et glorieuse Vierge Marie , et de son ventre il reçut la vraie chair de notre humanité et fragile » (Cfr.A.GERKEN citant : 2lfid4 ; p.2). Cette même dimension François la révèle dans sa lettre aux clercs dans laquelle il évoque outre le corps et le sang de Jésus, dans le monde, il parle encore des « noms et paroles au moyen desquels nous avons été créés et rachetés de la mort à la vie » (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LCler3, p.82).



C’est ainsi que, poussé par sa grande considération pour la parole, il exhorte encore une fois aux clercs comme le stipule Gerken en citant le passage  de sa lettre aux clercs « Pareillement, partout où l’on trouvera les noms et paroles écrites du Seigneur en des lieux malpropres, qu’on les recueille et les place en un lieu honnête »(Cfr.A.GERKEN citant : LCler12, p.2).Cette attitude du Poverrelo d'Assise montre combien de fois il a une grande considération à la parole et ceci le pousse à recommander à tout l’Ordre de s’engager partout où les frères trouvent les divines paroles écrites de les vénérer  autant qu’ils pourront et outre la vénération, de bien les conserver à un endroit convenable afin d’honorer le Seigneur dans les paroles qu’il a prononcées. Car, la grâce du sacrement de l’autel émane de la bénédiction faite par les paroles de Dieu.

Par-là, nous appréhendons combien le saint d’Assise conciliait très bien le corps et le sang de Jésus avec ses paroles comme nous l’affirme cet extrait « nous devons garder aussi les vases sacrés et les livres liturgiques qui servent aux offices et qui contiennent ses saintes paroles » (Cfr.A.GERKEN, p.2). Saint François d'Assise identifie bien la parole et le pain eucharistique.

Cette réalité de son estime pour la parole s’est fortement remarquée au cours de sa vie de pénitence : tout d’abord en orientant son style de vie à l’observance stricte de saint évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, car par cet évangile il obtenait tant de réponses à ses problèmes et jusqu’à son dernier soupir en recommandant de lui faire la lecture de l’Évangile selon saint Jean (Cfr. Jn 13,1ss).

Voilà pourquoi Gerken montre que le nœud central de cette pensée est l’auto anéantissement de Dieu, la kénose. Par la parole, Dieu s’est révélé par amour pour l’humanité coupable et fragile (Cfr.A.GERKEN, p.3). D’où, pour François le lieu indigne où sont gardées les paroles divines c’est justement lorsque l’homme omet de répondre avec amour, à l’amour gratuit de Dieu. Car, pour lui, cela aussi, c’est abandonner la parole du Seigneur dans les lieux malpropres (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LOrd36, p.88). Donc par son expérience, le fils de Bernadone exhorte aux frères et à ses contemporains de bien accueillir la parole de Dieu dans leurs cœurs si fragiles par son abaissement.

I.2. Incarnation, un amour pour le monde

Par son amour pour le monde Jésus s’est révélé comme rédempteur et sauveur en s’offrant lui-même et surtout en assumant la mort à travers la croix. En effet, Gerken découvre que saint François d'Assise a fait l’expérience de cette acceptation de la croix jusqu’à bénéficier d’un sceau en lui de la vie du Christ « que sur l’Alverne, il ait reçu les stigmates » (Cfr.A.GERKEN, p.7). Pour François le Christ pauvre est avant tout le Christ Crucifié.

Comme Jésus emprunta le chemin de Golgotha, le stigmatisé d'Assise emprunte lui aussi le chemin de l’Alverne comme lieu privilégié de l’expérience de la croix du Christ qui par son amour pour le monde a opté pour la rédemption de l’humanité déchue.



Voilà pourquoi pour montrer son choix et sa considération de la croix comme source de la rédemption, Gerken nous présente la prière tirée du testament du premier fils de Picca.

« Le Seigneur me donna et me donne une telle foi dans les Églises, que je priais ainsi simplement et disais : Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, ici et dans toutes les Églises qui sont dans le monde entier et nous te bénissons, parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde » (Cfr.A.GERKEN citant : Test 4-5, p.7).

Le sommet de son amour pour la mort du Christ en croix était l’adoration incessante par la multiplicité de ses prières et louanges à Dieu. Cette contemplation n’est pas seulement un fait constatant Jésus en croix mais son action de grâce à Dieu et par laquelle il invite les frères à faire sienne la parole de Jésus dans la sequela Christi « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive » (Cfr.Mt16, 24). Dieu a voulu exalté son Fils après avoir accepté la croix pour le salut du monde. Pour François, comme nous laisse entendre Gerken ; ce n’est que dans la croix du Christ que peuvent se glorifier les frères « mais voici de quoi nous pouvons nous glorifier : de nos infirmités, et porter chaque jour la sainte croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Cfr. Adm 5, 5).

En renchérissant Gerken souligne que la gloire de l’homme ne consiste qu’à participer à la croix du Christ et non pas les richesses extérieures ou le prestige extérieur puisque l’homme, être à l’image de Dieu, est appelé à l’amour et à l’humilité.

Par sa contemplation du crucifié lors de sa vision sur l’Alverne, François est caractérisé par sa compassion pour le crucifié et sa tristesse pour la douleur du crucifié et plus encore d’allégresse pour la rédemption accordée par la croix. Voilà le sommet de l’amour qui se révèle, la kénose de la rédemption du monde pauvre et pécheur sauvé par l’amour qui s’est donné sur la croix.

Par ailleurs, Gerken nous montre comment François par les stigmates avait souffert pour ses amis (Jn 15,3), ses frères

 « Il est fort probable que les stigmates sur l’Alverne comprennent justement ce don de sa propre vie pour ses amis : ce qui a plus crucifié François durant les deux années qui ont précédé sa mort, ce fut la division de l’Ordre et de voir la désunion qui existait au sein de l’Ordre et qu’un nombre de ses frères ne pouvaient ou ne voulaient pas suivre l’idéal primitif » (Cfr.A.GERKEN, p.9).

Malgré cette souffrance François ne les abandonne pas, mais il les aime dans leur fragilité jusqu’à la croix. Ceci est le contenu et l’objet de son expérience de la croix sur l’Alverne. Gerken ajoute en disant que la souffrance pour l’Ordre lui a imprimé les plaies, et dans son amour de croyant il a su que c’était les plaies du crucifié, qui n’a pas gardé sa vie pour lui-même, mais qui l’a donnée pour nous tous.

Voilà l’expression de la kénose de la croix du Christ comme source de la rédemption du monde frêle et fragile pour lequel il s’est donné en vue de lui révéler son amour, sa miséricorde, son abaissement et son humilité.

II.ÉGLISE COMME SACREMENT KENOTIQUE

L’Église comme sacrement kénotique est une continuation et une actualisation de la révélation de Dieu. Dès le début de sa conversion et vers la fin de sa vie, François est resté soumis à la sainte Mère Église et à ses prêtres « après cela, le Seigneur me donna et me donne une telle foi dans les prêtres qui vivent selon la forme de la sainte Église romaine » (Cfr. Les écrits de saint François et sainte Claire, Test 6-7, p.59) et aussi « afin que, toujours soumis et prosternés aux pieds de la même sainte Église, stable dans la foi catholique, nous observions la pauvreté et l’humilité et le saint Évangile de notre Seigneur Jésus Christ, que nous avons fermement promis » (Cfr. Les écrits de saint François et sainte Claire, Rb12, 4, p.58).



II.1. Église qui actualise

L’Église est considérée comme sacrement kénotique par le fait qu’elle actualise Dieu comme pauvre et humble et non comme suprême et puissant. Cette puissance se manifeste à travers sa bonté pour le péché de l’humanité et cela est fait par « l’Eucharistie et l’Ordre sacré ou sacerdotal dans lesquels Dieu se révèle humble » (Cfr.A.GERKEN, p.10). Cet aspect kénotique François ne le prend pas seulement au niveau institutionnel mais plus au niveau de la considération du Christ lui-même qui est présent dans son humilité, sa pauvreté et son amour de toujours. Il est la tête comme le dit saint Paul aux Ephésiens (Cfr. Ep 1,22).

Puisqu’il est la tête, François ne voulait pas qu’il soit abandonné ou bafoué au sein de l’Église ; c’est pourquoi il met sa grande considération et sa foi dans les prêtres qui font de lui dans les saintes espèces le corps et le sang. Ainsi, il invite pour se faire dans sa lettre aux Clercs de bien garder et protéger le Très-Saint Corps de notre Seigneur Jésus-Christ : il prône déjà par ici la pratique de la Sainte réserve dans le Tabernacle.



Pour François comme nous le trouvons dans la première admonition, l’Eucharistie signe présent de Jésus est le fondement de la vie chrétienne et franciscaine car, cette dernière se perpétue au sein de l’Église: Jésus lui-même se donne (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, Adm 1, 10-11, p.10) et s’abaisse pour sauver l’humanité (Cfr. Adm 1,16, p.11)

II.2. Église, lieu authentique de la manifestation de Dieu en Jésus-Christ

C’est dans l’Église que nous devons vivre cette actualisation de la vie évangélique afin de se conformer à Jésus. C’est par la vie évangélique que nous découvrons le point de départ de l’intuition théologique de François affirme Gerken car, il ne regarde pas l’Église-institution mais il la considère comme le lieu authentique dans lequel se manifeste, aujourd’hui et en tout temps la révélation de Dieu en Jésus-Christ.

Voilà pourquoi, par cette révélation de Dieu en Jésus Christ dans son Église, fait d’elle le sacrement kénotique et qui est appelée à être « Évangile vivant ».



Néanmoins, en mettant en œuvre l’Évangile, le petit serviteur des tous ne voulait pas se montrer supérieur aux autres frères et à ses contemporains mais, lui-même le premier s’y conformait, ce qui fait qu’il exhortait à ses frères « que tous les frères s’appliquent à suivre l’humilité et la pauvreté de notre Seigneur Jésus-Christ… » (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, Rnb 9, 1, p.32). Dans cette proximité aux pauvres, malades et lépreux, il concrétise son engagement social qui deviendra une préoccupation de tous les franciscains, et par cette dernière, François et ses frères témoignaient de l’Évangile. Ainsi, la mise en œuvre de cet évangile, fait de François et de ses frères des vrais disciples animés par l’humilité prise comme « kénose à la sequela Christi » (Cfr.A.GERKEN,p.12), qui est la manifestation de Dieu en Jésus-Christ dans l’Église dont il est « la Tête »(Ep.1,22).

III. DIEU EST AMOUR, DIEU EST HUMILITE

III.1. Dieu est Amour

Dans l’incarnation de Jésus dans le sein de la Bienheureuse Vierge Marie, Jésus manifeste son abaissement, d’où émane l’amour de Dieu que Gerken considère comme un « amour spécial ». Par-là, il montre que Jésus provient d’un amour de Dieu et cet amour s’exprime dans l’amour qui va à la rencontre de ce qui était perdu. Cet amour est bien annoncé dans la première lettre de saint Jean « Dieu est amour » (Cfr 1Jn 4-8).



En effet, cet amour de Dieu a été destiné à l’humanité afin de le sauver en envoyant son propre Fils comme victime d’expiation des péchés. D’où Gerken renchérit en montrant qu’« il est évident que cette révélation du Dieu d’amour peut libérer le monde de son péché, de la haine, de la mort et le rendre capable de répondre avec amour à son amour » (Cfr. A.GERKEN, p.14).

III.2. Dieu est Humilité

Dieu est humilité car, lui qui est Dieu révélé en Jésus-Christ s’est dessaisi de sa condition divine en prenant notre chair mortelle dans le sein de la Vierge-mère, il a accepté de naître dans une crèche, il s’est abaissé en se laissant crucifié sur la croix par sa créature : le sort réservé aux maudits et il se laisse toucher par les prêtres qui, malgré leur fragilité, le consacrent à l’autel. Voilà pourquoi, l'humble d'Assise retrouve en lui la source de la vie comme l’affirme cet extrait en le nommant « humilité » dans ses louanges à Dieu. Gerken affirme que François remarque que l’humilité comme vertu est attribuée à Dieu même dans son éternité, puisque « l’abaissement du Christ dans l’incarnation provient de l’amour de Dieu… Par amour, Dieu cherche et visite avec humilité l’humus : la poussière, la terre dans sa caducité mortelle » (Cfr.A.GERKEN, p.16).

De tout cela il résulte clairement que pour François d'Assise Dieu est amour, Dieu est humilité parce qu’il est celui qui ne retient rien de lui-même (Cfr. Ph 2,6-8), qui a soif de l’homme perdu, qui se vide pour combler le vide de l’homme, qui s’est appauvri et humilié pour enrichir et exalter l’homme.



Cette intuition de François sur l’amour de Dieu et son humilité est concrète par le fait que saint Bonaventure en décrivant la fin du passage terrestre du Poverrelo d'Assise, montre qu’enfin de sa vie, après s’être accomplis en lui les mystères de Dieu, son âme sainte se sépara du corps ,et s’endormit dans le Seigneur qu’il avait aimé de son vivant et pour qui il s’était humilié en quittant la condition bourgeoise à la rencontre des oubliés, les lépreux et les pauvres ainsi que les malades (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, Test 1-3, p.59).

CONCLUSION

En guise de conclusion, sans prétention aucune d’avoir épuisé le génie d’Alexander GERKEN sur « l’intuition théologique de saint François d’Assise », nous avons pu relever dans notre travail les points saillants qui nous donnent la quintessence de la triade kénotique de saint François d’Assise.

En effet, nous avons développé la manière dont saint François conçoit et concilie la théologie de l’incarnation, de la passion et de l’Église comme sacrement kénotique avec les événements de Greccio, de l’Alverne et de l’Autel (Eucharistie) à saint Damiano.

En somme, l’intuition théologique de saint François d’Assise selon Alexander GERKEN est un article décrivant avec faste le début de la conversion du saint et de son dernier moment. Bref, c’est un article riche en contenu pour comprendre la vie et la spiritualité de saint François d’Assise et de tout l’Ordre des Frères Mineurs dont il est fondateur émanant de l’intuition à l’institution qu’il dénomma « Fraternité » et par l’humilité qu’il prônait, il appela ses Frères « minores » : les petits, les moindres.


 Frère Adolphe Aganze, ofm


BIBLIOGRAPHIE

1. Ouvrage de l’auteur

GERKEN A., L’intuition théologique de saint François d’Assise, in Wissenschaft und Weisheit 2,1982.

2. Autre ouvrage

VORREUX  D., Les écrits de saint François et de sainte Claire d’Assise, les Editions Franciscaines, Paris, 1992.

3. Dictionnaire

REY-DEBOVE J., Nouveau Petit Robert de la langue française, Nouvelle édition millésime, Paris, 2009.

 


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