INTRODUCTION
En
effet, saint François d’Assise a évolué dans une société où la pratique
chrétienne était plus ample de sorte qu’il fut considéré aux yeux de ses
contemporains comme un théologien alors que son histoire nous révèle qu’il fut
un illettré mais évoluant dans une ambiance bourgeoise, il fut ambitieux de la
poésie d’où le squelette de ses écrits : cantique de frère soleil, lettre
à saint Antoine de Padoue, etc.
Eu
égard, saint François était considéré au même mérite que les grands fondateurs
des Ordres religieux tels que saints Benoît, Basile, Augustin, etc. qui furent
ses prédécesseurs ou contemporains.
Ainsi,
par des nombreuses investigations portées à l’endroit de sa spiritualité et de
son charisme, Gerken a voulu aussi en connaître davantage jusqu’à nous fournir
cet article si riche nous exposant la Triple kénose de Notre Seigneur
Jésus-Christ qui est le sommet de l’amour et de l’humilité de Dieu pour le
monde déchu et pécheur.
C’est
pourquoi, au cours de notre travail nous donnerons la synthèse sur la recherche
de Gerken produite dans cet article qui fait l’objet de notre réflexion tout en
mettant notre apport et notre avis critique sur cette « Intuition
théologique de saint François d’Assise ».
Signalons
que, notre problématique se fonde sur la manière dont saint François a su
concilier cette triade c’est-à-dire la manière dont il a pu développer cette
triple kénose au cours de son vivant et en faire le centre et le sommet de sa
vocation à vivre selon « l’évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ ».
I. LA TRIADE KENOTIQUE DE SAINT FRANCOIS
D’ASSISE
D’après saint François d’Assise, Dieu qui a tant aimé le monde malgré la récrimination de son peuple, lui a envoyé son propre Fils (Jn 3,16 ; 1Jn, 9) qui est sa Parole vivante afin de sauver l’humanité. Cette parole s’est incarnée dans sa créature jadis annoncée en la personne de la Bienheureuse Vierge Marie (Mi 5, 2 ; Is 7, 14 ; So3, 14-15 ; Lc 1, 31, Mt 1, 21).Né dans une crèche, dans une étable, le Fils de Dieu manifeste son abaissement dans la pauvre existence pèlerine des hommes (Cfr. Alexander GERKEN, Intuition théologique de saint François d’Assise, 1982, p.1) se prolonge durant sa vie.
Ce pèlerinage qui a commencé par la parole au sein de la Bienheureuse Vierge Marie grâce à son « Fiat » : son oui fidèle à Dieu, se développe dans une vie très simple et très pauvre jusqu’à l’achèvement sur la croix comme point culminant d’abaissement manifesté dans l’Incarnation (Cfr.A.GERKEN, p.1).
Ainsi, ayant manifesté son abaissement dans l’incarnation et qui aboutit à la glorification sur la croix, le Fils de Dieu continue son abaissement dans une église pauvre et dans le sacrement de celle-ci, spécialement dans « les simples apparences du pain eucharistique » (Cfr.A.GERKEN, p.1), c’est-à-dire par son sacrifice de l’autel. D’où, en analysant cette triade nous saisissons la quintessence de l’intuition théologique de saint François d’Assise sur la Parole évangélique.
I.1. La théologie de la parole
Cette
intuition théologique de la parole est révélée chez François par sa grande
considération, sa grande estime sur le verbe de Dieu qui s’est fait homme et
qui nous révèle le visage du Père.
En
effet, Gerken souligne que cet ample estime sur le Verbe de François d’Assise
est plus remarquable dans sa deuxième lettre à tous les fidèles dans laquelle
il souligne la volonté du Père, qui en voulant sauver le monde a placé sa parole
par le truchement de l’archange Gabriel dans le sein de la Bienheureuse Vierge
Marie « C’est verbe du Père, si digne, si saint et glorieux , le Très-Haut
Père céleste, au moyen de son saint archange Gabriel , l’annonça dans le sein de la sainte et glorieuse Vierge Marie ,
et de son ventre il reçut la vraie chair de notre humanité et fragile »
(Cfr.A.GERKEN citant : 2lfid4 ; p.2). Cette même dimension François
la révèle dans sa lettre aux clercs dans laquelle il évoque outre le corps et
le sang de Jésus, dans le monde, il parle encore des « noms et paroles au
moyen desquels nous avons été créés et rachetés de la mort à la vie »
(Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LCler3, p.82).
C’est
ainsi que, poussé par sa grande considération pour la parole, il exhorte encore
une fois aux clercs comme le stipule Gerken en citant le passage de sa lettre aux clercs « Pareillement,
partout où l’on trouvera les noms et paroles écrites du Seigneur en des lieux
malpropres, qu’on les recueille et les place en un lieu honnête »(Cfr.A.GERKEN
citant : LCler12, p.2).Cette attitude du Poverrelo d'Assise montre combien
de fois il a une grande considération à la parole et ceci le pousse à
recommander à tout l’Ordre de s’engager partout où les frères trouvent les
divines paroles écrites de les vénérer
autant qu’ils pourront et outre la vénération, de bien les conserver à
un endroit convenable afin d’honorer le Seigneur dans les paroles qu’il a
prononcées. Car, la grâce du sacrement de l’autel émane de la bénédiction faite
par les paroles de Dieu.
Par-là,
nous appréhendons combien le saint d’Assise conciliait très bien le corps et le
sang de Jésus avec ses paroles comme nous l’affirme cet extrait « nous
devons garder aussi les vases sacrés et les livres liturgiques qui servent aux
offices et qui contiennent ses saintes paroles » (Cfr.A.GERKEN, p.2). Saint
François d'Assise identifie bien la parole et le pain eucharistique.
Cette
réalité de son estime pour la parole s’est fortement remarquée au cours de sa
vie de pénitence : tout d’abord en orientant son style de vie à
l’observance stricte de saint évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, car par
cet évangile il obtenait tant de réponses à ses problèmes et jusqu’à son dernier
soupir en recommandant de lui faire la lecture de l’Évangile selon saint Jean
(Cfr. Jn 13,1ss).
Voilà
pourquoi Gerken montre que le nœud central de cette pensée est l’auto
anéantissement de Dieu, la kénose. Par la parole, Dieu s’est révélé par amour pour
l’humanité coupable et fragile (Cfr.A.GERKEN, p.3). D’où, pour François le lieu
indigne où sont gardées les paroles divines c’est justement lorsque l’homme
omet de répondre avec amour, à l’amour gratuit de Dieu. Car, pour lui, cela
aussi, c’est abandonner la parole du Seigneur dans les lieux malpropres (Cfr.
Les écrits de saint François et de sainte Claire, LOrd36, p.88). Donc par son
expérience, le fils de Bernadone exhorte aux frères et à ses contemporains de
bien accueillir la parole de Dieu dans leurs cœurs si fragiles par son
abaissement.
I.2. Incarnation, un amour pour le monde
Cette
intuition théologique de la parole est révélée chez François par sa grande
considération, sa grande estime sur le verbe de Dieu qui s’est fait homme et
qui nous révèle le visage du Père.
En
effet, Gerken souligne que cet ample estime sur le Verbe de François d’Assise
est plus remarquable dans sa deuxième lettre à tous les fidèles dans laquelle
il souligne la volonté du Père, qui en voulant sauver le monde a placé sa parole
par le truchement de l’archange Gabriel dans le sein de la Bienheureuse Vierge
Marie « C’est verbe du Père, si digne, si saint et glorieux , le Très-Haut
Père céleste, au moyen de son saint archange Gabriel , l’annonça dans le sein de la sainte et glorieuse Vierge Marie ,
et de son ventre il reçut la vraie chair de notre humanité et fragile »
(Cfr.A.GERKEN citant : 2lfid4 ; p.2). Cette même dimension François
la révèle dans sa lettre aux clercs dans laquelle il évoque outre le corps et
le sang de Jésus, dans le monde, il parle encore des « noms et paroles au
moyen desquels nous avons été créés et rachetés de la mort à la vie »
(Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, LCler3, p.82).
C’est
ainsi que, poussé par sa grande considération pour la parole, il exhorte encore
une fois aux clercs comme le stipule Gerken en citant le passage de sa lettre aux clercs « Pareillement,
partout où l’on trouvera les noms et paroles écrites du Seigneur en des lieux
malpropres, qu’on les recueille et les place en un lieu honnête »(Cfr.A.GERKEN
citant : LCler12, p.2).Cette attitude du Poverrelo d'Assise montre combien
de fois il a une grande considération à la parole et ceci le pousse à
recommander à tout l’Ordre de s’engager partout où les frères trouvent les
divines paroles écrites de les vénérer
autant qu’ils pourront et outre la vénération, de bien les conserver à
un endroit convenable afin d’honorer le Seigneur dans les paroles qu’il a
prononcées. Car, la grâce du sacrement de l’autel émane de la bénédiction faite
par les paroles de Dieu.
Par-là,
nous appréhendons combien le saint d’Assise conciliait très bien le corps et le
sang de Jésus avec ses paroles comme nous l’affirme cet extrait « nous
devons garder aussi les vases sacrés et les livres liturgiques qui servent aux
offices et qui contiennent ses saintes paroles » (Cfr.A.GERKEN, p.2). Saint
François d'Assise identifie bien la parole et le pain eucharistique.
Cette
réalité de son estime pour la parole s’est fortement remarquée au cours de sa
vie de pénitence : tout d’abord en orientant son style de vie à
l’observance stricte de saint évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, car par
cet évangile il obtenait tant de réponses à ses problèmes et jusqu’à son dernier
soupir en recommandant de lui faire la lecture de l’Évangile selon saint Jean
(Cfr. Jn 13,1ss).
Voilà
pourquoi Gerken montre que le nœud central de cette pensée est l’auto
anéantissement de Dieu, la kénose. Par la parole, Dieu s’est révélé par amour pour
l’humanité coupable et fragile (Cfr.A.GERKEN, p.3). D’où, pour François le lieu
indigne où sont gardées les paroles divines c’est justement lorsque l’homme
omet de répondre avec amour, à l’amour gratuit de Dieu. Car, pour lui, cela
aussi, c’est abandonner la parole du Seigneur dans les lieux malpropres (Cfr.
Les écrits de saint François et de sainte Claire, LOrd36, p.88). Donc par son
expérience, le fils de Bernadone exhorte aux frères et à ses contemporains de
bien accueillir la parole de Dieu dans leurs cœurs si fragiles par son
abaissement.
I.2.
Incarnation, un amour pour le monde
Par
son amour pour le monde Jésus s’est révélé comme rédempteur et sauveur en
s’offrant lui-même et surtout en assumant la mort à travers la croix. En effet,
Gerken découvre que saint François d'Assise a fait l’expérience de cette
acceptation de la croix jusqu’à bénéficier d’un sceau en lui de la vie du
Christ « que sur l’Alverne, il ait reçu les stigmates »
(Cfr.A.GERKEN, p.7). Pour François le Christ pauvre est avant tout le Christ
Crucifié.
Comme
Jésus emprunta le chemin de Golgotha, le stigmatisé d'Assise emprunte lui aussi
le chemin de l’Alverne comme lieu privilégié de l’expérience de la croix du
Christ qui par son amour pour le monde a opté pour la rédemption de l’humanité
déchue.
Voilà
pourquoi pour montrer son choix et sa considération de la croix comme source de
la rédemption, Gerken nous présente la prière tirée du testament du
premier fils de Picca.
« Le
Seigneur me donna et me donne une telle foi dans les Églises, que je priais
ainsi simplement et disais : Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, ici et
dans toutes les Églises qui sont dans le monde entier et nous te bénissons,
parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde » (Cfr.A.GERKEN
citant : Test 4-5, p.7).
Le
sommet de son amour pour la mort du Christ en croix était l’adoration
incessante par la multiplicité de ses prières et louanges à Dieu. Cette
contemplation n’est pas seulement un fait constatant Jésus en croix mais son
action de grâce à Dieu et par laquelle il invite les frères à faire sienne la
parole de Jésus dans la sequela Christi « Si quelqu’un veut venir
après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive »
(Cfr.Mt16, 24). Dieu a voulu exalté son Fils après avoir accepté la croix pour
le salut du monde. Pour François, comme nous laisse entendre Gerken ; ce
n’est que dans la croix du Christ que peuvent se glorifier les
frères « mais voici de quoi nous pouvons nous glorifier : de nos
infirmités, et porter chaque jour la sainte croix de notre Seigneur
Jésus-Christ » (Cfr. Adm 5, 5).
En
renchérissant Gerken souligne que la gloire de l’homme ne consiste qu’à
participer à la croix du Christ et non pas les richesses extérieures ou le
prestige extérieur puisque l’homme, être à l’image de Dieu, est appelé à
l’amour et à l’humilité.
Par
sa contemplation du crucifié lors de sa vision sur l’Alverne, François est
caractérisé par sa compassion pour le crucifié et sa tristesse pour la douleur
du crucifié et plus encore d’allégresse pour la rédemption accordée par la
croix. Voilà le sommet de l’amour qui se révèle, la kénose de la rédemption du
monde pauvre et pécheur sauvé par l’amour qui s’est donné sur la croix.
Par
ailleurs, Gerken nous montre comment François par les stigmates avait souffert
pour ses amis (Jn 15,3), ses frères
« Il
est fort probable que les stigmates sur l’Alverne comprennent justement ce don
de sa propre vie pour ses amis : ce qui a plus crucifié François durant
les deux années qui ont précédé sa mort, ce fut la division de l’Ordre et de
voir la désunion qui existait au sein de l’Ordre et qu’un nombre de ses frères
ne pouvaient ou ne voulaient pas suivre l’idéal primitif » (Cfr.A.GERKEN,
p.9).
Malgré
cette souffrance François ne les abandonne pas, mais il les aime dans leur
fragilité jusqu’à la croix. Ceci est le contenu et l’objet de son expérience de
la croix sur l’Alverne. Gerken ajoute en disant que la souffrance pour
l’Ordre lui a imprimé les plaies, et dans son amour de croyant il a su que
c’était les plaies du crucifié, qui n’a pas gardé sa vie pour lui-même, mais
qui l’a donnée pour nous tous.
Voilà
l’expression de la kénose de la croix du Christ comme source de la rédemption
du monde frêle et fragile pour lequel il s’est donné en vue de lui révéler son
amour, sa miséricorde, son abaissement et son humilité.
II.ÉGLISE COMME SACREMENT KENOTIQUE
L’Église
comme sacrement kénotique est une continuation et une actualisation de la
révélation de Dieu. Dès le début de sa conversion et vers la fin de sa vie,
François est resté soumis à la sainte Mère Église et à ses prêtres « après
cela, le Seigneur me donna et me donne une telle foi dans les prêtres qui
vivent selon la forme de la sainte Église romaine » (Cfr. Les écrits de
saint François et sainte Claire, Test 6-7, p.59) et aussi « afin que, toujours
soumis et prosternés aux pieds de la même sainte Église, stable dans la foi
catholique, nous observions la pauvreté et l’humilité et le saint Évangile de
notre Seigneur Jésus Christ, que nous avons fermement promis » (Cfr. Les
écrits de saint François et sainte Claire, Rb12, 4, p.58).
L’Église
est considérée comme sacrement kénotique par le fait qu’elle actualise Dieu
comme pauvre et humble et non comme suprême et puissant. Cette puissance se
manifeste à travers sa bonté pour le péché de l’humanité et cela est fait par « l’Eucharistie
et l’Ordre sacré ou sacerdotal dans lesquels Dieu se révèle humble »
(Cfr.A.GERKEN, p.10). Cet aspect kénotique François ne le prend pas seulement
au niveau institutionnel mais plus au niveau de la considération du Christ
lui-même qui est présent dans son humilité, sa pauvreté et son amour de toujours.
Il est la tête comme le dit saint Paul aux Ephésiens (Cfr. Ep 1,22).
Puisqu’il
est la tête, François ne voulait pas qu’il soit abandonné ou bafoué au sein de
l’Église ; c’est pourquoi il met sa grande considération et sa foi dans les
prêtres qui font de lui dans les saintes espèces le corps et le sang. Ainsi, il
invite pour se faire dans sa lettre aux Clercs de bien garder et protéger le Très-Saint
Corps de notre Seigneur Jésus-Christ : il prône déjà par ici la pratique
de la Sainte réserve dans le Tabernacle.
Pour
François comme nous le trouvons dans la première admonition, l’Eucharistie
signe présent de Jésus est le fondement de la vie chrétienne et franciscaine
car, cette dernière se perpétue au sein de l’Église: Jésus lui-même se donne
(Cfr. Les écrits de saint François et de sainte Claire, Adm 1, 10-11, p.10) et
s’abaisse pour sauver l’humanité (Cfr. Adm 1,16, p.11)
II.2. Église, lieu
authentique de la manifestation de Dieu en Jésus-Christ
C’est
dans l’Église que nous devons vivre cette actualisation de la vie évangélique
afin de se conformer à Jésus. C’est par la vie évangélique que nous découvrons
le point de départ de l’intuition théologique de François affirme Gerken car,
il ne regarde pas l’Église-institution mais il la considère comme le lieu
authentique dans lequel se manifeste, aujourd’hui et en tout temps la révélation
de Dieu en Jésus-Christ.
Voilà
pourquoi, par cette révélation de Dieu en Jésus Christ dans son Église, fait
d’elle le sacrement kénotique et qui est appelée à être « Évangile vivant ».
Néanmoins,
en mettant en œuvre l’Évangile, le petit serviteur des tous ne voulait pas se
montrer supérieur aux autres frères et à ses contemporains mais, lui-même le
premier s’y conformait, ce qui fait qu’il exhortait à ses frères « que
tous les frères s’appliquent à suivre l’humilité et la pauvreté de notre
Seigneur Jésus-Christ… » (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte
Claire, Rnb 9, 1, p.32). Dans cette proximité aux pauvres, malades et lépreux,
il concrétise son engagement social qui deviendra une préoccupation de tous les
franciscains, et par cette dernière, François et ses frères témoignaient de l’Évangile.
Ainsi, la mise en œuvre de cet évangile, fait de François et de ses frères des
vrais disciples animés par l’humilité prise comme « kénose à la sequela Christi »
(Cfr.A.GERKEN,p.12), qui est la manifestation de Dieu en Jésus-Christ dans l’Église
dont il est « la Tête »(Ep.1,22).
III. DIEU EST AMOUR, DIEU EST HUMILITE
Dans
l’incarnation de Jésus dans le sein de la Bienheureuse Vierge Marie, Jésus
manifeste son abaissement, d’où émane l’amour de Dieu que Gerken considère
comme un « amour spécial ». Par-là, il montre que Jésus provient
d’un amour de Dieu et cet amour s’exprime dans l’amour qui va à la rencontre de
ce qui était perdu. Cet amour est bien annoncé dans la première lettre de saint
Jean « Dieu est amour » (Cfr 1Jn 4-8).
En
effet, cet amour de Dieu a été destiné à l’humanité afin de le sauver en
envoyant son propre Fils comme victime d’expiation des péchés. D’où Gerken
renchérit en montrant qu’« il est évident que cette révélation du Dieu
d’amour peut libérer le monde de son péché, de la haine, de la mort et le
rendre capable de répondre avec amour à son amour » (Cfr. A.GERKEN, p.14).
Dieu
est humilité car, lui qui est Dieu révélé en Jésus-Christ s’est dessaisi de sa
condition divine en prenant notre chair mortelle dans le sein de la
Vierge-mère, il a accepté de naître dans une crèche, il s’est abaissé en se
laissant crucifié sur la croix par sa créature : le sort réservé aux
maudits et il se laisse toucher par les prêtres qui, malgré leur fragilité, le
consacrent à l’autel. Voilà pourquoi, l'humble d'Assise retrouve en lui la
source de la vie comme l’affirme cet extrait en le nommant « humilité »
dans ses louanges à Dieu. Gerken affirme que François remarque que l’humilité
comme vertu est attribuée à Dieu même dans son éternité, puisque « l’abaissement
du Christ dans l’incarnation provient de l’amour de Dieu… Par amour, Dieu
cherche et visite avec humilité l’humus : la poussière, la terre dans sa
caducité mortelle » (Cfr.A.GERKEN, p.16).
De
tout cela il résulte clairement que pour François d'Assise Dieu est amour, Dieu
est humilité parce qu’il est celui qui ne retient rien de lui-même (Cfr. Ph
2,6-8), qui a soif de l’homme perdu, qui se vide pour combler le vide de
l’homme, qui s’est appauvri et humilié pour enrichir et exalter l’homme.
Cette
intuition de François sur l’amour de Dieu et son humilité est concrète par le
fait que saint Bonaventure en décrivant la fin du passage terrestre du
Poverrelo d'Assise, montre qu’enfin de sa vie, après s’être accomplis en lui
les mystères de Dieu, son âme sainte se sépara du corps ,et s’endormit dans le
Seigneur qu’il avait aimé de son vivant et pour qui il s’était humilié en
quittant la condition bourgeoise à la rencontre des oubliés, les lépreux et les
pauvres ainsi que les malades (Cfr. Les écrits de saint François et de sainte
Claire, Test 1-3, p.59).
En
guise de conclusion, sans prétention aucune d’avoir épuisé le génie d’Alexander
GERKEN sur « l’intuition théologique de saint François d’Assise »,
nous avons pu relever dans notre travail les points saillants qui nous donnent
la quintessence de la triade kénotique de saint François d’Assise.
En
effet, nous avons développé la manière dont saint François conçoit et concilie
la théologie de l’incarnation, de la passion et de l’Église comme sacrement
kénotique avec les événements de Greccio, de l’Alverne et de l’Autel
(Eucharistie) à saint Damiano.
En
somme, l’intuition théologique de saint François d’Assise selon Alexander
GERKEN est un article décrivant avec faste le début de la conversion du saint
et de son dernier moment. Bref, c’est un article riche en contenu pour
comprendre la vie et la spiritualité de saint François d’Assise et de tout
l’Ordre des Frères Mineurs dont il est fondateur émanant de l’intuition à
l’institution qu’il dénomma « Fraternité » et par l’humilité qu’il
prônait, il appela ses Frères « minores » : les petits, les moindres.
BIBLIOGRAPHIE
1.
Ouvrage de l’auteur
GERKEN
A., L’intuition théologique de saint François d’Assise, in Wissenschaft und
Weisheit 2,1982.
2.
Autre ouvrage
VORREUX D., Les écrits de saint François et de sainte
Claire d’Assise, les Editions Franciscaines, Paris, 1992.
3.
Dictionnaire
REY-DEBOVE
J., Nouveau Petit Robert de la langue française, Nouvelle édition millésime,
Paris, 2009.
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