« Je voudrais représenter l'Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu'il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l'âne ». Thomas de Celano, Vita Prima, n. 84: Sources franciscaines (FF), n. 468.
Très chers frères et sœurs,
Joyeux Noël à tous, un Noël de joie et de sérénité !
La fête de Noël est la célébration de la naissance du Sauveur. C'est aussi l'explosion de lumière et de joie qui inonde les cœurs des enfants, des femmes et des hommes depuis la première Nativité et qui à travers les siècles nous atteint aussi en ce jour.
La Nativité du Seigneur que nous célébrons nous rappelle que « la Parole éternelle d'Amour » s'est faite chair, dans la chair d'un enfant totalement désarmé. Nous voyons qu’il n’y a pas de place pour l’agression et le conflit dans la grotte de Bethléem. Il n’y a aucune place pour l’arrogance et l’orgueil dans la crèche qui accueille le Fils de Dieu, Humble et Pauvre. Et donc cette fête nous invite à l’humilité, à la simplicité et à la pauvreté qui sont des vertus qui confondent les mauvaises pensées et nous orientent vers le Seigneur. Les vertus qui nous apprennent à construire un monde meilleur où règnent la paix, la fraternité, la justice et l’amour.
Par ailleurs, la naissance de l’Emmanuel, Dieu parmi les hommes et les femmes de notre temps, nous invite à approfondir notre cheminement de synodalité. Elle nous apprend à découvrir toute la profondeur et la richesse de l’Incarnation de Dieu dans l’histoire de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant, de chaque culture et de chaque tradition. Célébrer Noël, c’est célébrer la joie de la venue du Seigneur parmi nous. Mais comment nous réjouir alors que beaucoup en sont privés ? Comment être en joie quand une bonne partie de l’humanité et la terre qui a vu naître et mourir, qui a nourri le sauveur du monde, le Prince de la Paix continuent à souffrir de la guerre, de violence, d’injustice, d’intolérance ?
Laissons donc Noël démonter la violence, l’orgueil, l'agressivité et le ressentiment, la colère et l'emportement dans toutes nos relations et nos rencontres. Que Noël réveille en nous le vocabulaire de la bonté et de la bienveillance, du pardon et de la réconciliation, de la fraternité et de l’amitié, de l’amour et de l’humilité. Laissons-nous désarmer par l'Enfant de Bethléem qui, précisément parce qu'il est un « enfant », nous parle avec son silence, avec son cri, avec son sourire, et plus encore avec sa vie. Lui qui « ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2, 6-8).
Que son message de paix parvienne dans notre communauté paroissiale, dans nos foyers, dans nos milieux de travail, dans nos réunions et dans nos relations interpersonnelles. Que le Prince de la paix désarme nos paroles, nos pensées, nos attitudes peu fraternelles et moins amicales précisément en ce moment où le progrès de la technologie présente des risques graves dans la fabrication d'armes de plus en plus sophistiquées au risque de compromettre tout processus d’une parfaite harmonie, de la paix, du dialogue, du coexister et d’un véritable vivre-ensemble.
Que l’Enfant de la crèche aide toute l’humanité à éteindre les foyers de guerre que nous portons en nous. Ainsi nous saurons prendre soin de notre regard méfiant, en purifiant nos cœurs pollués pour que la paix commence à régner à l'intérieur et à l'extérieur de nous. En effet, la parole est l’étincelle qui déclenche tout conflit ; et de la parole on passe aux mains, à la violence et, si les mains sont armées, cela peut conduire au meurtre, à la guerre. Les paroles violentes sont pires que les gifles : elles nous frappent intérieurement et laissent de profondes blessures.
Chers amis, chers frères et sœurs, je ne pense pas dire quelque chose de nouveau, mais seulement réitérer l'évangile de Noël. Dans la communauté, dans la famille, dans l’Église ou dans la société, les paroles ont des conséquences, parfois douloureuses. Mais nos paroles peuvent et doivent devenir des ponts. Noël sera chez nous si l'on commence à désarmer la parole en apprenant à regarder chacun avec un regard de bonté, de fraternité, d’amitié et à pardonner à chacun avec un cœur libre.
Le Pape François, dans son message intitulé « Intelligence artificielle et paix » à l’occasion de la 57ème journée mondiale de la paix, souhaite que « puissent les fidèles chrétiens, les croyants de différentes religions et les hommes et les femmes de bonne volonté collaborer en harmonie pour saisir les opportunités et affronter les défis posés par la révolution numérique, et livrer aux générations futures un monde plus solidaire, juste et pacifique ». Je saisi, également, de cette opportunité pour nous exhorter à nous laisser toucher par la grâce de Noël et permettre, à travers ce moment historique, à Dieu de transformer nos critères habituels d’interprétation de notre vision du monde. Nous ne pouvons plus penser uniquement à préserver l’espace de nos intérêts personnels, mais nous devons le penser à la lumière d’une coexistence parfaite, d’un véritable vivre-ensemble et d’une collaboration responsable, avec le sens de la communauté, ou bien comme un « nous » ouvert à la fraternité universelle.
En outre, l’Incarnation du Fils de Dieu nous invite à nous ouvrir au monde. C’est pourquoi, nous ne pouvons plus seulement chercher notre propre bien ou satisfaction. C’est le moment de nous engager dans la sauvegarde et l’intégrité de toute la création, de notre planète, en créant les bases d'un monde plus juste et plus pacifique, sérieusement engagés dans la recherche d'un bien qui soit vraiment commun. Car, la paix ne tombe pas d'en haut mais doit être construite avec engagement, collaboration, patience, sans oublier que le premier pas pour devenir des artisans de paix est celui du « désarmement » du cœur.
Et après le désarmement du cœur, la Nativité de Jésus, désarmera notre langue et nos mains, renouvellera notre esprit, guérira nos âmes, pour que la seule parole qui motive notre engagement comme chrétiens, la seule parole qui nous rassemble soit toujours « frère, sœur », et le style de notre vie chrétienne devient : Shalom, Paix, Amani, Pace, Pax, Barış ve huzur !
Frères et sœurs, que ce Noël et ce Nouvel An soient un temps de sérénité et de paix : nous en ressentons tous l'urgence et le désir. Ce Noël de joie nous rappelle comment s'est déroulée la naissance de Jésus, dans un contexte également d’exclusion, d’indifférence, de souffrance et de fatigue : Jésus est né dans une famille pauvre qui arrive à Bethléem fatiguée du voyage par décret d'un empereur qui se croit maître du monde. Et il est né dans une étable parce que personne ne lui a ouvert la porte, Lui le maître du monde. Personne ne se tourne vers cette famille pour lui offrir l’hospitalité. Ce Noël nous rappelle que nous ne pouvons pas oublier les personnes qui souffrent dans leur corps, dans leur esprit, peut-être parce qu'elles ont perdu un être cher, parce qu'elles vivent un moment de solitude et de fatigue, les personnes qui souffrent de la précarité de travail ou à cause des fardeaux et des situations dus peut-être à la méchanceté des autres ou parce que victimes de la violence et de la guerre dans toutes les parties du monde où il y a des enfants, des femmes qui subissent la violence.
Enfin, nous voulons porter dans nos cœurs tous ces frères, ces sœurs, ces enfants et toutes ces situations d’incertitude dans la Foi et dans l’Espérance qu'il est possible d'éprouver la sérénité et la joie de Jésus Sauveur au-delà de toute épreuve.
Que l'Enfant de Bethléem nous aide tous à vaincre le mal par le bien et jamais par le mal moins encore par la violence. Qu’il nous donne l'espoir et la certitude que nous pouvons tous changer pour le mieux. À tous, je souhaite de tout cœur et demande le don d'une parole « apaisée » qui seule peut construire et renouveler nos relations, nos fraternités, nos familles et nos communautés. Que la nouvelle année 2024 soit une année de grâce, de bénédiction et apporte à chacun le bien, le bonheur qu'il désire et conduise chacun à la joie d'une fraternité retrouvée car elle se construit ensemble dans la responsabilité, la collaboration et l’humilité.
Admirable grandeur
Étonnante bonté
Du maître de l'univers
Qui s'humilie pour nous
Au point de se cacher
Dans une petite hostie de pain
Regardez l'humilité de Dieu
Regardez l'humilité de Dieu
Regardez l'humilité de Dieu
Et faites-lui hommage de vos cœurs
Faites-vous tout petits
Vous aussi devant Dieu
Pour être élevés par lui
Ne gardez rien pour vous
Offrez-vous tout entier
À ce Dieu qui se donne à vous
Joyeux Noël et Bonne Année !
Istanbul, le 17 Décembre, 2023
Fr. Georges Misange, ofm
Paroisse Saint Louis des Français
Tomtom, Nuri Ziya Sok. No: 10,
34433 Beyoglu/Istanbul
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