Cité du Vatican, 18 janvier 2021
À tous les consacrés et
les consacrées
Nous vous rejoignons à la veille d’un jour
qui nous est cher à tous, hommes et femmes consacrés, car il est dédié à notre
merveilleuse vocation qui, de différentes manières, fait resplendir l’amour de
Dieu pour l’homme, la femme et l’univers entier. Le 2 février prochain, nous
célébrerons la XXVe Journée mondiale de la vie consacrée. Dans
la Basilique Saint-Pierre, à 17 h 30, le Pape François présidera une
Célébration Eucharistique, dépouillée des signes et des visages joyeux qui
l’illuminaient les années précédentes, mais toujours expression de cette
gratitude féconde qui caractérise notre vie.
Par cette lettre, nous souhaitons atténuer
la distance physique que la pandémie nous impose depuis tant de mois et
exprimer à chacun d’entre vous et à chaque communauté notre proximité et celle
de ceux qui travaillent dans ce Dicastère. Depuis des mois, nous suivons les
nouvelles qui nous parviennent des communautés des différents pays : elles
parlent de désarroi, de contagions, de morts, de difficultés humaines et économiques,
de diminution des instituts, de peurs… mais elles parlent aussi de fidélité
éprouvée par la souffrance, de courage, de témoignage serein même dans la
douleur ou l’incertitude, de partage de toute affliction et de toute blessure,
de soins et de proximité des plus petits, de charité et de service au prix de
la vie (cf. Fratelli tutti, chapitre II).
Nous ne pouvons pas prononcer tous vos
noms, mais sur chacun et chacune d’entre vous nous demandons la bénédiction du
Seigneur afin que vous puissiez passer du « je » au
« nous », conscients « que nous nous trouvons dans la même
barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et
nécessaires, tous appelés à ramer ensemble » (Pape François, Moment
extraordinaire de prière, vendredi 27 mars 2020). Soyez les
Samaritains de ces jours, surmontant la tentation de battre en retraite et de
pleurer sur soi-même, ou de fermer les yeux devant la douleur, la souffrance,
la pauvreté de tant d’hommes et de femmes, de tant de peuples.
Dans l’Encyclique Fratelli
Tutti, le Pape François nous invite à agir ensemble, à raviver en
chacun « un désir universel d’humanité » (n. 8), pour
« rêver » ensemble, afin que « face aux manières diverses
actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir
par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale… » (n. 6).
Consacrés et consacrées dans les instituts
religieux, monastiques, contemplatifs, séculiers et nouveaux instituts, membres
de l’ordo virginum, ermites, membres de sociétés de vie
apostolique, nous vous demandons à tous de mettre cette Encyclique au centre de
votre vie, de votre formation et de votre mission. Désormais, nous ne pouvons
plus ignorer cette vérité : nous sommes tous frères et sœurs et nous le disons
dans le Notre Père, peut-être pas très consciemment, car « sans une
ouverture au Père de tous, il n’y aura pas de raisons solides et stables à
l’appel à la fraternité » (n. 272).
Cette encyclique, écrite à un moment de
l’histoire que le pape François lui-même a appelé « l’heure de
vérité », est un don précieux pour toute forme de vie consacrée qui, sans
cacher les nombreuses blessures de la fraternité, peut y trouver les racines de
la prophétie.
Nous sommes confrontés à un nouvel appel
de l’Esprit Saint. De même que saint Jean-Paul II, à la lumière de la doctrine
sur l’Église-communion, avait exhorté les personnes consacrées à « être de
véritables experts en communion et à en pratiquer la spiritualité » (Vita
consecrata, n. 46), le pape François, s’inspirant de saint François,
fondateur et inspirateur de tant d’instituts de vie consacrée, élargit
l’horizon et nous invite à être des artisans de la fraternité universelle,
gardiens de la maison commune : de la terre et de toute créature (cf.
Encyclique Laudato si’). Frères et soeurs de tous, quelles que
soient la foi, les cultures et les traditions de chacun, parce que l’avenir
n’est pas « monochromatique » (FT n. 100) et que le monde est comme
un polyèdre qui laisse sa beauté briller à travers ses différents visages.
Il s’agit donc d’ouvrir des processus pour
accompagner, transformer et générer ; d’élaborer des projets pour promouvoir la
culture de la rencontre et du dialogue entre les différents peuples et
générations ; de partir de sa propre communauté vocationnelle pour ensuite
atteindre tous les coins de la terre et toutes les créatures, car jamais comme
en ce temps de pandémie, nous n’avons autant fait l’expérience que tout est
lié, tout est en relation, tout est connecté (cf. Encyclique Laudato
si’).
« Rêvons en tant qu’une seule et même
humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des
enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa
foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères
! » (FT n. 8). Ainsi, à l’horizon de ce rêve confié à nos
mains, à notre passion, à notre persévérance, le 2 février prochain sera aussi
cette année une belle fête pour louer et remercier le Seigneur pour le don de
notre vocation et de notre mission !
À Marie, notre Mère, Mère de l’Église,
femme fidèle, et à saint Joseph son époux, en cette année qui lui est
consacrée, nous confions chacun d’entre vous. Que se fortifient en vous une foi
vivante et aimante, une espérance certaine et joyeuse, une charité humble et
active.
Du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
notre Dieu miséricordieux, nous implorons la bénédiction sur chacun d’entre
vous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire